Affiché le 23 avril 2021 par la Société canadienne de pédiatrie | Permalink
Catégorie(s) : Éducation publique, Documents de principes et points de pratique
par Nicholas Chadi, MD, MHP, FRCPC, FAAP; Investigateur principal d’une étude du PCSP sur les maladies et les blessures graves liées au vapotage
D’abord mises en marché pour favoriser l’abandon du tabac chez les adultes, les cigarettes électroniques (ou vapes) ont gagné en popularité chez les adolescents, dont la majorité n’a jamais fumé la cigarette auparavant. En 2019, selon des données de Santé Canada, 36 % des adolescents âgés de 15 à 19 ans ont déclaré avoir déjà essayé le vapotage, et 15 % avaient vapoté dans les 30 jours précédents. Selon des données de 2020, plus récentes, ces taux n’ont pratiquement pas changé depuis le début de la pandémie de COVID-19.
La rapide augmentation du taux de vapotage chez les jeunes est probablement attribuable à une combinaison de facteurs. Les aromatisants et produits de vapotage attrayants pour les jeunes, les publicités qui les visent, y compris le contenu publié dans les médias sociaux par des influenceurs très populaires, leur faible coût, la possibilité de vapoter en toute discrétion, leur accès facile en ligne ou par des relations sociales, leur teneur élevée en nicotine et la perception qu’ils s’associent à un faible risque sont quelques-unes des principales raisons expliquant cet engouement.
Le vapotage est relié à des risques élevés pour la santé et la sécurité des jeunes. Il accroît le risque de maladie pulmonaire et cardiovasculaire, de blessures non intentionnelles, d’utilisation de tabac et d’autres substances, de troubles de santé mentale et de problèmes scolaires.
L’étude actuelle du Programme canadien de surveillance pédiatrique (PCSP) sur les maladies et les blessures graves liées au vapotage corrige d’importantes lacunes sur les blessures liées au vapotage, car elle fournit de l’information détaillée sur les graves événements indésirables. Les investigateurs visent à établir l’incidence minimale de blessures graves liées au vapotage chez les enfants et les adolescents canadiens et à décrire les caractéristiques démographiques, les présentations cliniques, les traitements et le pronostic de ces patients. Ils cherchent également à dégager les facteurs de risques courants, le profil des maladies ou des blessures et les caractéristiques des produits de vapotage associés aux blessures. Ils espèrent que l’information accumulée contribuera à orienter de nouvelles mesures cliniques, sanitaires et réglementaires pour réduire les méfaits liés au vapotage.
Je vous invite à signaler les cas des patients qui ont besoin d’être soignés à l’urgence, d’être hospitalisés ou d’être admis en soins intensifs en raison d’une maladie ou d’une blessure associée à l’un des éléments suivants :
Il existe d’autres mécanismes de déclaration en mesure de recueillir des données probantes sur les événements indésirables liés au vapotage :
Par l’entremise du Programme Canada Vigilance, les consommateurs, les patients et les professionnels de la santé sont invités à déclarer les effets des produits du cannabis aux titulaires des licences. Ces déclarations pourraient contribuer à la découverte d’effets secondaires rares ou graves jamais signalés auparavant et à susciter des modifications à l’information sur la sécurité du produit.
RADAR (Regulatory Action Depot / Dépôt d’actions réglementaires) est un système de signalement d’incidents en ligne concernant des produits de consommation, régi par la Loi canadienne sur les produits de consommation. Les professionnels de la santé peuvent signaler les incidents à Santé Canada sur une base volontaire. Le Programme de la sécurité des produits de consommation analyse l’information déclarée pour évaluer les risques que posent les produits de consommation pour les Canadiens. Il fournit également de l’information crédible aux consommateurs et des outils pour favoriser des prises de décision éclairées de la part du public.
Des décennies d’efforts concertés entre les cliniciens, les décideurs et les partenaires communautaires ont culminé par une réduction remarquable de l’utilisation des cigarettes chez les jeunes, et un succès semblable est à portée de la main en matière de vapotage. Les professionnels de la santé pédiatrique peuvent jouer un rôle important grâce au dépistage des comportements liés au vapotage dès l’âge de 12 ans et à la déclaration de tous les cas de maladies et blessures graves liées au vapotage. Ces deux mesures simples et concrètes contribueront grandement à protéger les jeunes contre les risques liés à une tendance en rapide évolution.
Le docteur Nicholas Chadi est pédiatre et chercheur clinicien spécialisé en médecine de l’adolescence et toxicomanie pédiatrique. Il est professeur adjoint de clinique au département de pédiatrie du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine de Montréal et auteur principal du nouveau document de principes de la Société canadienne de pédiatrie, intitulé La protection des enfants et des adolescents contre les risques du vapotage.
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Mise à jour : le 23 avril 2021