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Le soutien des jeunes qui ont des troubles anxieux pendant la pandémie de COVID-19

Affiché le 8 avril 2020 par la Société canadienne de pédiatrie | Permalink

Catégorie(s) : Éducation publiqueCOVID-19

par la docteure Nicola Keyhan, Psychiatre de l’enfant et de l’adolescent, The Hospital for Sick Children

La pandémie de COVID-19 est une source d’anxiété pour bien des gens. Une certaine anxiété est utile. Elle nous motive à nous préparer et à nous protéger, en nous lavant les mains, en respectant la distanciation sociale et en suivant les conseils des experts de la santé, par exemple.

Les troubles anxieux peuvent parfois rendre les gens dysfonctionnels, ce qui ne les aide pas du tout. L’anxiété peut se manifester lorsqu’il n’y a aucune menace ou être disproportionnée par rapport à la menace. Une personne qui ressent ce type d’anxiété peut éprouver des peurs qui ne sont pas ancrées dans la réalité. Elle peut aussi :

  • éprouver des sentiments négatifs profonds, comme la peur ou la tristesse,
  • ressentir des malaises physiques, comme des maux d’estomac ou des problèmes respiratoires,
  • essayer de composer avec la situation en utilisant des comportements qui n’aident en rien, comme l’évitement ou les compulsions (un comportement répétitif comme un nettoyage excessif).

En général, les personnes qui ont des troubles anxieux surestiment les risques d’une menace ou sous-estiment leur propre capacité à gérer une situation. Elles sont plus susceptibles de se concentrer sur les pires scénarios, éprouvent un fort besoin de contrôle et peuvent avoir du mal à composer avec des situations qui ne sont ni habituelles ni prévisibles.

Pendant la pandémie de COVID-19, nous devons faire face à des changements pratiquement tous les jours. Les habitudes comme l’école, le travail, les activités parascolaires et la socialisation avec les amis sont toutes perturbées. Les personnes qui ont des troubles anxieux trouvent particulièrement difficile de s’adapter.

En ces temps de pandémie causée par la menace d’un virus, les enfants qui ressentent des peurs liées aux maladies ou qui ont des tendances obsessives-compulsives peuvent trouver la situation encore plus difficile. Sans soutien, ils peuvent avoir plus peur de la contamination, qui peut à son tour entraîner (ou aggraver) des comportements comme un lavage des mains excessif.

Comment aider les enfants et les adolescents qui ont des troubles anxieux

Les enfants et les adolescents qui ont des troubles anxieux ont tendance à trop s’inquiéter et à ressentir d’autres types d’inquiétudes.

Limitez l’exposition de votre enfant aux choses qui l’inquiètent déjà beaucoup. Par exemple, si votre enfant a tendance à se laver les mains compulsivement, soyez honnête, mais n’insistez pas trop sur la durée du lavage des mains, parce que vous risquez de l’inquiéter encore davantage.

Les suggestions suivantes vous aideront à parler de la pandémie à vos enfants et adolescents :

  • Demandez-leur ce qu’ils savent et quelles questions ils se posent.
  • Corrigez toute désinformation et répondez à leurs questions de manière réfléchie, honnête, rassurante et adaptée à leur âge.
  • Évitez les détails, qui peuvent créer de nouvelles inquiétudes.
  • Explorez et validez leurs pensées et leurs sentiments sur la situation.
  • Demandez-leur s’ils ont des malaises physiques, qui peuvent être évocateurs d’anxiété.
  • Limitez leur exposition aux médias axés sur les nouvelles négatives, particulièrement sur les choses dont votre enfant s’inquiète déjà. Une suraccumulation de médias peut amplifier des peurs déjà existantes.

Des moyens précis de détourner les schémas de pensée dysfonctionnelle associés à la COVID-19

Chez les enfants d’environ huit ans (sur le plan du développement), vous pouvez :

  • cibler et remettre en question leurs pensées anxieuses,
  • les aider à comprendre en quoi certaines pensées peuvent les inciter à surestimer les risques que leurs peurs se transforment en réalité,
  • les orienter vers des pensées plus réalistes, qui pourront les rendre moins anxieux.

Quelques conseils

  • Demandez à votre enfant ou à votre adolescent d’écrire ses inquiétudes (par exemple, « Je vais tomber malade »).
  • Aidez votre enfant à passer en revue les données qui appuient ses inquiétudes (« D’autres personnes tombent malades ») et celles qui les contredisent (« Je ne connais encore personne de malade » ou « La plupart des enfants qui sont atteintes ne sont pas malades »). De cette façon, vous l’aiderez à avoir un point de vue plus réaliste du risque que ses peurs se transforment en réalité.
  • Pensez à d’autres façons d’examiner la situation, de manière plus équilibrée et plus optimiste (« C’est difficile, mais c’est temporaire. La vie va retrouver son cours normal. »)
  • Rappelez-leur qu’ils en font déjà beaucoup pour se protéger (comme une grande partie du monde), par la distanciation sociale et le lavage des mains. Grâce à ces mesures, il est beaucoup moins probable que leurs peurs deviennent réalité.
  • Rassurez-les en leur expliquant que même s’ils deviennent malades (ou qu’un proche le devient), il existe de l’aide et des ressources qui les aideront à s’en sortir.

Si vous maintenez vos habitudes et que vous rassurez vos enfants et vos adolescents en leur expliquant qu’ils peuvent affronter la situation, vous les aiderez à traverser cette période difficile et à reprendre un cours normal quand le moment sera venu :

  • Si votre enfant ou votre adolescent est en thérapie de gestion de l’anxiété, envisagez de poursuivre la thérapie (de nombreux professionnels proposent des séances virtuelles) ou de vous assurer qu’il continue de se servir des stratégies qu’il a apprises.
  • Si votre enfant ou votre adolescent prend des médicaments, n’arrêtez pas de les lui donner sans consulter un professionnel de la santé.
  • Contrôlez votre propre anxiété, parce que votre enfant ou votre adolescent va le ressentir. Donnez l’exemple d’habiletés d’adaptation positives.
  • Tirez le meilleur parti possible de la situation et concentrez-vous sur ce qu’il y a de positif, comme passer plus de temps en famille et proposer plus d’occasions de faire des activités qui favorisent l’intimité et les liens affectifs.

Droits d'auteur

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Avertissement

L’information contenue dans le présent blogue ne devrait pas remplacer les soins et les conseils d’un médecin. Les points de vue des blogueurs ne représentent pas nécessairement ceux de la Société canadienne de pédiatrie.

Mise à jour : le 20 avril 2020