Affiché le 13 janvier 2014 par la Société canadienne de pédiatrie | Permalink
Catégorie(s) : Surveillance
Chaque année, la tuberculose touche de 100 à 120 Canadiens de moins de 15 ans. Les populations marginalisées, telles que les communautés autochtones des régions éloignées et les néo-Canadiens, y sont particulièrement vulnérables.
Les investigateurs d’une nouvelle étude du Programme canadien de surveillance pédiatrique cherchent à recenser tous les cas de tuberculose infantile, à examiner la manière de poser le diagnostic, le mode d’acquisition de la tuberculose, les complications et les comorbidités, les posologies et la compliance thérapeutique, ainsi que les changements à la sensibilité aux médicaments au fil du temps. Les patients ayant une tuberculose latente sont exclus de l’étude.
L’étude de ces critères permettra de dresser un portrait plus précis du nombre d’enfants atteints et de déterminer comment améliorer les soins. On espère que cette étude enrichira d’une foule de détails utiles l’information signalée aux unités de santé publique.
De l’avis du docteur Ian Kitai, spécialiste de la tuberculose au Hospital for Sick Children et investigateur principal, la tuberculose infantile est habituellement plus difficile à diagnostiquer que la tuberculose chez les adultes. D’après lui, le diagnostic est difficile à poser chez les enfants, parce que sa présentation n’est pas la même que chez les adultes. Par exemple, les enfants atteints de la tuberculose toussent rarement. Ils peuvent plutôt présenter une atteinte organique ou des problèmes articulaires.
« De nombreux cliniciens s’attendent à dépister une tuberculose des poumons, mais la tuberculose peut aussi être d’origine extrapulmonaire et s’attaquer aux os, aux articulations ou à d’autres parties de l’organisme, précise le docteur Kitai. Cette maladie imite parfaitement d’autres maladies. Certains enfants commencent par être soignés à la clinique d’oncologie parce qu’on pense qu’ils ont un cancer des os ou un lymphome, mais ils finissent avec nous parce qu’on découvre qu’ils sont plutôt atteints d’une tuberculose, ce qui est généralement une bonne nouvelle pour eux. »
Puisque les jeunes patients n’ont pas tendance à tousser, les médecins doivent généralement utiliser d’autres méthodes diagnostiques, comme l’insertion d’une sonde gastrique ou l’exécution d’une biopsie.
Pourtant, même une fois diagnostiquée, la tuberculose infantile est souvent plus difficile à traiter que chez les adultes, constate le docteur Shaun Morris, spécialiste en infectiologie au Hospital for Sick Children et l’autre investigateur principal de l’étude.
« Pour que la tuberculose soit bien soignée, il faut administrer trois ou quatre médicaments, qu’il faut maintenir pendant plusieurs mois [souvent neuf mois], et les jeunes patients éprouvent souvent de la difficulté à prendre un seul médicament pendant une courte période », explique le docteur Morris.
Par conséquent, le docteur Morris indique qu’il est difficile pour de nombreux jeunes patients de respecter le traitement. De plus, les effets secondaires des médicaments contre la tuberculose ne sont pas bien établis chez les enfants de moins de 15 ans, surtout sur le foie. Aussi, si un enfant a une tuberculose qui résiste à un certain médicament, il y a moins d’autres traitements possibles.
L’étude vise principalement à recueillir des données sur l’incidence de tuberculose infantile, mais les docteurs Morris et Kitai espèrent qu’elle contribuera également à résoudre la disparité des cas dans les diverses régions et les diverses populations.
Le taux de tuberculose est relativement faible au Canada, avec 4,6 cas sur 100 000 habitants par rapport à la moyenne internationale de 124 cas sur 100 000 habitants. Ce taux augmente toutefois de manière spectaculaire chez les Autochtones du Canada, notamment ceux qui vivent au Nunavut (300 cas sur 100 000 habitants), et chez les néo-Canadiens (dix cas sur 100 000 habitants).
« Nous savons quels sont les groupes à haut risque, mais cette étude le démontrera, explique le docteur Morris. Avant de se pencher sur la disparité, nous devons d’abord produire des données. Ensuite, nous pourrons prendre des mesures concrètes pour apporter des changements. »
Les docteurs Kitai et Morris espèrent que cette étude contribuera à combler la disparité, mais soulignent que la tuberculose touche tous les Canadiens.
En effet, les voyages ou l’immigration en provenance de régions où la tuberculose est endémique sont de plus en plus courants. Par ailleurs, plus d’enfants ont un système immunitaire affaibli à cause d’une maladie, d’un traitement ou d’une transplantation, et en raison de l’évolution de la résistance microbienne, les médicaments contre la tuberculose ne sont pas efficaces chez certains patients. De plus, puisque le taux de tuberculose est décroissant, les médecins ont peut-être moins tendance à l’envisager.
« Bien qu’elle soit relativement peu courante, la tuberculose continue de provoquer des décès et des incapacités qui pourraient être prévenues [chez les personnes infectées] », affirme le docteur Kitai.
Cette se déroulera entre septembre 2013 et août 2016. Consultez le site www.pcsp.cps.ca pour obtenir plus d’information sur cette étude ou d’autres études.
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Mise à jour : le 10 janvier 2014