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Répondre aux besoins des jeunes mères, hier et aujourd’hui

Pour souligner le 100e anniversaire de la Société canadienne de pédiatrie, le projet 24/7 – avant et maintenant jette un regard historique (et prospectif) sur des documents de principes et des thèmes formateurs de la SCP. Ce blogue est le quatrième d’une série qui sera rédigée par des membres chevronnés ayant un don pour les perspectives à long terme.

Affiché le 18 août 2022 par la Société canadienne de pédiatrie | Permalink

Catégorie(s) : 24/7 - avant et maintenant

par Franziska Baltzer, MD, et Monica O’Donohue, inf.

Récemment, lorsque j’ai lu l’exposé de la Société canadienne de pédiatrie de 1979, intitulé La mère adolescente et son bébé, je me suis dit : « Impressionnant! Comme c’est exact et à jour, 43 ans plus tard! »

Puis une deuxième chose m’a frappée : comment se fait-il que nous n’ayons pas réussi à mettre en œuvre les services aux mères adolescentes que recommandaient les auteurs?

Un grand changement est survenu : les grossesses adolescentes ont radicalement diminué ces dernières décennies, principalement grâce à l’information et à l’accès à la contraception. Ainsi, au Canada, on dénombrait 25,9 grossesses sur 1 000 adolescentes de 15 à 19 ans en 1991, mais cette proportion a reculé à 17 en 2000, à 13,2 en 2010 et à 5,5 en 2020. Cette tendance est très positive, mais pose des défis pour offrir des services appropriés aux adolescentes enceintes, en raison de leur petit nombre. Les services spécialisés en place demeurent inconnus des nombreuses sources vers lesquelles les nombreuses adolescentes se tournent en premier pour demander de l’aide (p. ex., infirmière scolaire).

L’Hôpital pour enfants de Montréal du Centre universitaire de santé McGill offrait des soins obstétricaux axés sur les adolescentes avant même la rédaction de l’exposé. Lorsque la docteure Elsa Quiros a pris la direction du service à la fin des années 1970, elle a organisé des soins obstétricaux multidisciplinaires hebdomadaires pour les adolescentes (soins infirmiers individuels et cours prénatals en groupes, services sociaux et visite obstétricale), tous donnés le même après-midi. En 1992, une clinique de parents adolescents et d’enfants a été ajoutée à la même équipe disciplinaire, de même qu’un pédiatre pour que les adolescentes et les jeunes enfants puissent recevoir des soins ensemble. Pendant plusieurs années, un psychologue, un éducateur et un conseiller en psychiatrie ont même été rattachés au programme, mais ces services ont finalement été abandonnés, faute de financement.

Grâce à de tels services, les adolescentes ont le temps de nouer une relation de confiance avec les professionnels. Il est essentiel de joindre l’adolescente qui rate un rendez-vous pour s’assurer de la continuité des soins.

Depuis, certaines recherches ont démontré que des soins obstétricaux adaptés aux adolescentes favorisent de très faibles taux de problèmes pendant la grossesse, à l’accouchement et chez le nouveau-né (p. ex., éclampsie, césarienne, prématurité, petit poids à la naissance). Une publication par affiche de 2015 a d’ailleurs été produite par notre service sur le sujet (Tackling Teenage Pregnancy Together: The Effect of a Multidisciplinary Approach on Adolescent Obstetrical Outcomes).

Il n’est pas nécessaire de récrire cet exposé en 2022, mais quelques points pourraient y être ajoutés :

  • Il ne faut jamais oublier que pour l’adolescente, la grossesse représente une solution et non un problème. Par conséquent, tous les membres de l’équipe soignante doivent éviter de poser tout jugement.
  • L’adolescente a besoin de temps pour nouer une relation de confiance avec les professionnels de la santé et pour comprendre que ceux-ci peuvent l’aider. L’équipe soignante aura donc plus de chances d’exercer une influence si elle demeure stable tout au long de la grossesse, puis pendant les premières années de vie de l’enfant : même infirmière, même travailleur social, même éducateur ou psychologue.
  • Pendant la grossesse, puis après la naissance du bébé, les rendez-vous doivent être prévus pendant l’après-midi et conjointement avec la visite médicale (obstétricien, pédiatre ou médecin de famille).
  • Joignez l’adolescente et, au besoin, appelez-la plusieurs fois pour fixer un nouveau rendez-vous quand elle ne se présente pas à celui qui était prévu.
  • Utilisez une approche reposant sur les forces, mais tenant également compte des traumatismes, auprès des parents adolescents.

La docteure Franziska Baltzer est une pionnière de la médecine de l’adolescence qui vient de prendre sa retraite. Elle a exercé à l’Hôpital pour enfants de Montréal et à l’Université McGill, où elle a été directrice du service de médecine de l’adolescence pendant de nombreuses années. Elle travaille et enseigne toujours à temps partiel et siège au comité de la santé de l’adolescent de la SCP.

Monica O’Donohue, inf., soigne des adolescentes enceintes ainsi que des parents adolescents et leurs enfants depuis trois décennies au sein du service de médecine de l’adolescence et de gynécologie de l’Hôpital pour enfants de Montréal, qui fait partie du Centre universitaire de santé McGill, à Montréal.

 


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Mise à jour : le 12 septembre 2022