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Les piles boutons : un danger caché

Affiché le 8 décembre 2021 par la Société canadienne de pédiatrie | Permalink

Catégorie(s) : Éducation publique

par les docteurs Daniel Rosenfield et Suzanne Beno

« N’OUBLIEZ PAS LES PILES! »

Cette phrase est souvent répétée pendant l’achat des cadeaux des fêtes, mais elle est reprise tout au long de l’année. À titre de pédiatres, d’urgentologues et de parents, nous tenons à porter à votre attention une menace qui est associée à une gravité et des décès croissants depuis quelques années : l’ingestion de piles boutons.

Les piles boutons sont devenues omniprésentes depuis dix ans. À l’origine coûteuses et utilisées seulement dans des produits électroniques haut de gamme, ces piles qui ressemblent à des pièces de monnaie sont désormais bon marché, répandues et présentes dans d’innombrables appareils qu’utilisent autant les adultes que les enfants. On les trouve dans des articles de maison courants, entre autres les télécommandes, les appareils auditifs, les lampes de poche, les montres, les jeux informatiques, les cartes de vœux, les porte-clefs et divers jouets pour enfants. Certaines sont bien enchâssées sous un couvercle vissé, mais bon nombre peuvent facilement être retirées par des tout-petits.

Les nouvelles piles au lithium-ion sont maintenant plus grosses et à plus haute tension. Si elles sont ingérées, elles peuvent se loger dans l’œsophage où elles provoquent immédiatement des lésions risquent de provoquer des résultats catastrophiques. Les piles boutons peuvent également se loger dans le nez et les oreilles des tout-petits, où elles peuvent causer tout autant de dommages.

Conjointement avec nos collègues en otorhinolaryngologie, nous avons dû traiter ces enfants en soins aigus, même des semaines ou des mois après l’ingestion des piles. Contrairement aux cas d’ingestion de pièces de monnaie, ces événements doivent être traités comme des urgences extrêmes, ce que de nombreux dispensateurs de soins ne savent pas. La fenêtre est étroite pour éviter des dommages importants, probablement de moins de deux heures, c’est-à-dire que les piles doivent être extraites pendant cette période.

Pour ce faire, il faut une prise de conscience et un travail d’équipe à tous les égards – chez les parents, au sein du système et parmi les dispensateurs de soins –. Ces piles doivent être retirées de la manière la plus rapide et la plus sécuritaire possible, que ce soit par un centre d’otorhinolaryngologie local ou spécialisé. En attendant une prise en charge définitive (c’est-à-dire l’extraction), de nouvelles données probantes recommandent d’administrer du miel (10 mL = 2 cuillerées à thé) toutes les dix minutes jusqu’à concurrence de six doses, si l’ingestion présumée ou connue a eu lieu dans les 12 heures précédentes, afin de contribuer à limiter les dommages aux tissus. C’est la seule « indication » favorisant l’administration de miel à des enfants de moins d’un an, car le risque de botulisme est considérablement moins élevé que le risque presque inévitable de lésion œsophagienne. Le service d’urgence pourrait également envisager de s’approvisionner en sucralfate, qui doit être administré à raison de 1 g/10 mL toutes les dix minutes, jusqu’à concurrence de trois doses.

Nous nous sommes associés à des partenaires des diverses communautés du pays pour les informer des parcours standardisés et des protocoles de triage afin de procéder à l’imagerie et à l’interprétation rapides des radiographies des enfants susceptibles d’avoir ingéré une pile et afin d’en confirmer l’emplacement en cas de doute. L’aspect pathognomonique en halo ou en double contour, visible à la radiographie, doit entraîner un transfert immédiat dans un centre où il sera possible de procéder à l’extraction.

Malheureusement, même après l’extraction de la pile, les enfants doivent être surveillés de près à la maison pendant une période pouvant atteindre deux mois, afin de déceler toute complication tardive au potentiel mortel (p. ex., perforation œsophagienne, fistule trachéoœsophagienne, lésion d’un grand vaisseau, telle qu’une fistule aortoœsophagienne responsable d’une hémorragie massive, paralysie des cordes vocales et spondylodiscite). Lors des conseils aux parents et aux dispensateurs de soins, il est important de faire ressortir l’importance d’assurer une vigilance constante à l’égard de la douleur, des vomissements, de la présence de sang dans les selles ou des troubles respiratoires.

À l’approche des fêtes, une démarche combinée de la part des dispensateurs de soins, des parents et de l’industrie doit d’abord faire ressortir les risques afin d’éviter ces lésions. L’industrie s’affaire, entre autres, à améliorer les emballages, à apposer des autocollants sur l’un des pôles des piles (qui, si l’adulte ne le sait pas, peut lui laisser croire que la pile est morte) et à rendre l’emballage difficile à ouvrir par les enfants.

À titre de spécialistes de la prévention et de dispensateurs de soins, nous préconisons de faire connaître cet enjeu davantage et de créer de nouvelles mesures de protection pour les éviter. Par ailleurs, nous sommes à préparer des campagnes d’éducation qui ciblent les dispensateurs de soins en première ligne, à l’urgence et en pédiatrie. En sensibilisant les parents et les proches à ces dangers, nous contribuerons à faire connaître ce risque rare, mais croissant.

Tant la Société canadienne de pédiatrie que Parachute proposent de l’information sur les piles boutons, de même que d’autres conseils sur la sécurité à la maison.

Nous espérons que vous passerez tous un très joyeux temps des fêtes en sécurité, mais n’oubliez pas les piles.

Les docteurs Suzanne Beno et Daniel Rosenfield sont membres du comité de la prévention des blessures de la Société canadienne de pédiatrie et pédiatres urgentistes au Hospital for Sick Children de Toronto.


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Avertissement

L’information contenue dans le présent blogue ne devrait pas remplacer les soins et les conseils d’un médecin. Les points de vue des blogueurs ne représentent pas nécessairement ceux de la Société canadienne de pédiatrie.

Mise à jour : le 14 décembre 2021