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Les effets démesurés de la mésinformation en santé sur les communautés racisées : un appel à l’action des pédiatres

Affiché le 18 février 2025 par la Société canadienne de pédiatrie | Permalink

Catégorie(s) : AntiracismeDéfense d’intérêtsÉducation publiqueExercice de la pédiatrie

par Ripudaman Singh Minhas, MD MHP FRCPC FAAP (il/lui)

Dans mon rôle de pédiatre du développement des quartiers défavorisés de Toronto, je m’occupe de famille de diverses origines culturolinguistiques aux prises avec le racisme systémique, les difficultés financières et la marginalisation historique. Bon nombre de ces familles, déjà vulnérables aux iniquités en santé, sont touchées démesurément par la hausse de la mésinformation et de la désinformation en santé, particulièrement à l’ère numérique actuelle. Cet enjeu est particulièrement urgent pour les communautés racisées, ce qui en fait une préoccupation cruciale pour les pédiatres du Canada.

De nombreuses familles racisées s’installent désormais dans des communautés rurales et éloignées, où l’accès aux soins est souvent plus limité et les effets de la mésinformation sont exacerbés. La pandémie a accéléré cette transition, et c’est pourquoi il est encore plus essentiel que les pédiatres résistent à la mésinformation, tant en milieu urbain que rural.

La menace croissante de la mésinformation

Un rapport de l’Association médicale canadienne (AMC) publié en janvier 2025 démontre à quel point la mésinformation en santé est généralisée au Canada et ses effets sont néfastes pour la santé publique, la confiance envers les établissements de santé et les disparités en santé. Les communautés racisées sont particulièrement à risque en raison de l’exploitation historique et de la marginalisation continue, qui favorisent la méfiance envers les établissements de santé. De l’étude Tuskegee sur la syphilis à la stérilisation forcée des femmes autochtones, les histoires douloureuses contribuent au scepticisme envers les systèmes de santé.

L’ère numérique a rendu la mésinformation encore plus omniprésente, particulièrement sur les plateformes de réseaux sociaux. La récente décision de Meta de mettre un terme à son programme de vérification des faits soulève des inquiétudes au sujet de la propagation des fausses allégations en matière de santé, car les familles éprouveront encore plus de difficultés à déterminer quelle information est crédible en matière de santé. De nombreuses familles, notamment celles qui sont mal desservies par le système de santé ou qui ne disposent pas de professionnel de la santé de première ligne, se tournent vers les réseaux sociaux par nécessité et se trouvent exposées encore davantage à la mésinformation nocive.

La situation est encore plus grave compte tenu de l’effacement d’information clé en santé publique dans les sites Web du gouvernement américain et des compressions au financement de la santé publique. Ces mesures menacent de réduire l’accès des communautés marginalisées à de l’information exacte et fondée sur des données scientifiques, ce qui favorise encore plus la propagation de mésinformation et de désinformation.

Les théories conspirationnistes représentent une autre menace importante, particulièrement dans les communautés racisées. La pandémie a entraîné un accroissement des théories de complot liées à la santé envers ces populations, qui sont devenues plus méfiantes à l’égard des mesures de santé publique, y compris les vaccins. Ces théories néfastes compromettent encore davantage les pronostics de santé, d’autant plus que la baisse de la couverture vaccinale contribue à la propagation de maladies évitables.

La mésinformation et la désinformation sont des problèmes croissants en santé des enfants et des adolescents. Les pédiatres doivent être prêts à répondre et à préconiser des paysages numériques plus sécuritaires. Les quelques propositions suivantes font partie des moyens de passer à l’action :

1. Écoutez et soyez empathique

Prenez acte des inquiétudes légitimes des familles racisées. Leur méfiance envers les établissements de santé trouve leur origine dans des histoires bien réelles et douloureuses. En les écoutant sans porter de jugement, nous créons un espace de dialogue constructif, essentiel pour inspirer la confiance.

2. Fournissez des ressources fiables et adaptées à la culture

Transmettez de l’information crédible et fondée sur des données probantes à la fois accessible et respectueuse de la culture. Les ressources provenant d’organisations fiables, comme la Société canadienne de pédiatrie (SCP), l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) et Our Kids’ Health (OKH), sont des outils inestimables à cet égard.

3. Faites une utilisation judicieuse de la technologie

La mésinformation prospère dans les réseaux sociaux, mais ces plateformes sont aussi utilisées pour transmettre de l’information exacte. Envisagez de créer ou de regrouper du contenu adapté aux cultures qui renverse les fréquentes idées fausses et de fournir des conseils scientifiques dans des formules attrayantes et accessibles. C’est le travail que nous cherchons à réaliser auprès des familles avec Our Kids’ Health, qui représente dix communautés culturelles et linguistiques.

4. Autonomisez les familles

Aidez les familles à procéder à une évaluation critique de l’information en santé qu’elles trouvent en ligne. Apprenez-leur à évaluer les sources, à chercher des études révisées par un comité de lecture et à distinguer les faits de la fiction. Les familles autonomisées sont plus susceptibles de chercher des conseils médicaux crédibles et à s’y fier.

5. Tenez-vous au courant

Les pédiatres doivent se tenir au courant des recherches et des tendances les plus récentes sur la mésinformation en santé. Des rapports comme celui de l’Association médicale canadienne sont essentiels pour comprendre la portée du problème et peaufiner nos réponses à cet enjeu croissant.

La mésinformation en santé constitue une menace importante, particulièrement pour les communautés racisées qui ont toujours été marginalisées par le système de santé. En qualité de pédiatres, nous pouvons contribuer à lutter contre ce phénomène en fournissant de l’information fiable et respectueuse de la culture et en favorisant la confiance par une écoute et un soutien empathiques. Le récent effacement d’information cruciale en santé publique et les compressions au financement de la santé publique donnent encore plus d’importance à notre rôle. En demeurant informés, en utilisant la technologie de manière judicieuse et en autonomisant les familles pour qu’elles prennent des décisions éclairées, nous pouvons atténuer les répercussions de la mésinformation et contribuer à un système de santé plus équitable pour tous.

Le docteur Ripudaman Singh Minhas (il/lui) est pédiatre du développement au St. Michael’s Hospital de Unity Health Toronto et professeur agrégé de pédiatrie à la faculté de médecine Temerty de l’Université de Toronto. C’est le fondateur du réseau primé Our Kids’ Health, une plateforme communautaire de santé sur les réseaux sociaux destinée aux familles de diverses communautés culturolinguistiques, qui compte près d’un million d’abonnés et 100 millions de vues. 


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Avertissement

L’information contenue dans le présent blogue ne devrait pas remplacer les soins et les conseils d’un médecin. Les points de vue des blogueurs ne représentent pas nécessairement ceux de la Société canadienne de pédiatrie.

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Mise à jour : le 16 septembre 2025