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Une nouvelle étude du PCSP vise à compléter les données sur les tendances en matière d’utilisation de substances et de surdoses chez les jeunes

Affiché le 16 décembre 2024 par la Société canadienne de pédiatrie | Permalink

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En 2022, un sondage ponctuel du PCSP a révélé un taux croissant d’exposition aux opioïdes, aux sédatifs et aux stimulants chez les jeunes de 12 à 18 ans. La même équipe, dirigée par les docteurs Matthew Carwana, Nicholas Chadi et Eva Moore, a récemment lancé une étude pluriannuelle pour mieux comprendre les tendances de cette crise et déterminer les lacunes des professionnels de la santé qui traitent ces jeunes. Nous nous sommes assis avec le docteur Nicholas Chadi, co-investigateur principal, pour en savoir plus.

[Cette entrevue a été éditée par souci de concision et de clarté.]

SCP : Cette étude de trois ans fait suite à un sondage ponctuel. Quels ont été les résultats les plus percutants de ce sondage et qu’est-ce qui vous a incité à réaliser cette plus longue étude?

NC : Nous avons constaté une tendance inquiétante ces dernières années. Depuis 2022, les décès par surdose sont la principale cause de mortalité chez les adolescents de l’Ouest canadien. C’est un phénomène qui a évolué rapidement, à compter de juste après le début de la pandémie. C’est ce qui a donné lieu au premier sondage transversal. À mon avis, l’observation la plus percutante, c’est que 14 % des répondants ont déclaré avoir vu au moins un jeune ayant vécu un événement grave et aigu découlant de l’utilisation d’un opioïde, d’un sédatif ou d’un stimulant au cours des deux années précédentes.

Ce pourcentage semble très élevé, ce qui signifie que les pédiatres rencontrent souvent des jeunes qui ont ces problèmes. Il est également corrélé avec les données nationales : une augmentation des décès par surdose causés par les drogues. Compte tenu de ces observations, notre groupe souhaitait poursuivre ses recherches et en découvrir davantage sur les caractéristiques des jeunes qui consultent à cause de situations liées à l’utilisation de sédatifs, de stimulants et d’opioïdes, de même que sur le traitement qui leur est administré.

SCP : Vous avez souligné que les décès par surdose sont la principale cause de mortalité chez les jeunes de l’Ouest canadien. Est-ce que c’est un problème que les pédiatres de tout le pays doivent surveiller?

NC : Tout à fait. Quand on examine les tendances générales relatives à l’utilisation de substances depuis quelques décennies, il y a de bonnes nouvelles et il y en a de moins bonnes. Nous observons des tendances positives, comme la réelle baisse du taux de tabagisme chez les jeunes et d’utilisation de substances en général, par exemple l’alcool. En fait, ces dernières années, on a remarqué une diminution du mésusage des opioïdes sur ordonnance chez les adolescents, mais certaines autres tendances ont émergé. La hausse du taux de vapotage de nicotine, l’utilisation de certains produits du cannabis puissants et l’utilisation d’opioïdes ou de substances sédatives synthétiques très puissants, comme les benzodiazépines. En raison de la puissance de divers médicaments sur ordonnance ou de substances illicites dont les jeunes font peut-être une utilisation abusive, on enregistre une tendance vers une hausse des décès par surdose d’opioïdes, de sédatifs et de stimulants chez les jeunes. C’est une tendance qui se reflète partout au Canada. L’Ouest canadien en est victime, mais l’accroissement des taux de décès par surdose ou d’événements graves attribuables à l’utilisation de surdose d’opioïdes, de sédatifs et de stimulants est également une réalité dans les autres provinces.

SCP : En général, pensez-vous que les pédiatres sont bien outillés pour composer avec les surdoses et les troubles liés à l'usage de substances?

NC : La formation et l’exposition aux enjeux liés à l’utilisation de substances sont très limitées pendant la formation en pédiatrie. Des ressources améliorées ont été publiées ces dernières années, mais de nombreux pédiatres ont encore l’impression de ne pas posséder la bonne formation pour se pencher sur l’utilisation importante de substances chez les jeunes. Il faudrait mieux faire connaître cet enjeu, mais aussi créer de meilleures directives, des aides et du matériel pour la pratique, afin de soutenir les pédiatres à s’occuper des jeunes ayant des troubles liés à l'usage de substances. On peut commencer dans les écoles de médecine et les programmes de résidence, de même que dans le cadre de la formation médicale continue.

[Le docteur Chadi a récemment publié un rapport clinique avec l’American Academy of Pediatrics, en anglais, qui contient des directives aux pédiatres pour détecter, dépister et régler le problème de l’utilisation non médicale d’opioïdes, de stimulants et de sédatifs contrôlés ou sur ordonnance.]

SCP : Pouvez-vous donner un argumentaire éclair pour expliquer les raisons pour lesquelles les professionnels de la santé des enfants devraient déclarer des cas au PCSP?

NC : Le fait que tant de jeunes vivent des événements aigus au potentiel mortel liés à l’utilisation des substances dans la catégorie des opioïdes, des sédatifs et des stimulants est un véritable enjeu en pédiatrie. Puisque c’est la première cause de décès en importance dans l’Ouest canadien, et que ce constat pourrait s’appliquer à tout le pays, les pédiatres doivent connaître le meilleur moyen de prévenir, de détecter et de traiter ces cas. Nous devons en savoir plus sur les cas individuels, et c’est exactement ce que cette étude tente de réaliser. Dans nos rôles d’investigateurs, nous cherchons à comprendre pourquoi les jeunes vivent des événements liés à ces trois catégories de substances. Quels sont quelques-uns des facteurs de risque susceptibles d’en être responsables? Quels traitements reçoivent-ils, et respectent-ils les recommandations thérapeutiques à jour? S’il y a des lacunes, c’est-à-dire s’il y a des moyens d’améliorer les soins, notre étude contribuera sûrement à produire de nouvelles ressources de formation et à déployer les prises de position ciblées pour que les bonnes ressources soient offertes aux bons milieux partout au Canada, à tous les jeunes qui peuvent être exposés aux méfaits, et parfois aux conséquences mortelles du mésusage des opioïdes, des stimulants et des sédatifs.


Dans cette étude, les répondants sont invités à signaler les cas de patients de moins de 18 ans qui ont besoin de soins à l’urgence, d’être hospitalisés ou d’être admis en soins intensifs, ou qui doivent être réanimés (p. ex., naloxone) à l’extérieur de l’hôpital, en raison de l’une ou l’autre des situations suivantes :

  • L’utilisation d’opioïdes, de stimulants ou de sédatifs illicites ou non prescrits
  • L’utilisation non médicale d’opioïdes (p. ex., codéine, hydromorphone, oxycodone), de stimulants (p. ex., psychostimulants) ou de sédatifs (p. ex., benzodiazépines, barbituriques) sur ordonnance.

Écrivez à PCSP@cps.ca si vous avez observé un cas.


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Mise à jour : le 16 décembre 2024