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L’ère de l’acétaminophène et de l’autisme : ce que les pédiatres doivent savoir pour lutter contre la mésinformation

Affiché le 29 septembre 2025 par la Société canadienne de pédiatrie | Permalink

Catégorie(s) : Défense d’intérêtsÉducation publiqueAntiracisme

par le docteur Ripudaman Singh Minhas, pédiatre du développement, Toronto

Les gros titres des médias américains, alimentés par les allégations de l’administration Trump, ont récemment avancé que la prise d’acétaminophène pendant la grossesse peut accroître le risque d’autisme chez les enfants. Cette allégation n’est pas soutenue par des données probantes. Les études internationales à grande échelle n’ont établi aucune association convergente entre l’exposition prénatale à l’acétaminophène et le trouble du spectre de l’autisme (TSA). L’acétaminophène demeure l’un des médicaments les plus sécuritaires et les plus utilisés contre la fièvre et la douleur pendant la grossesse.

Les données scientifiques sont claires, mais la mésinformation a de profondes conséquences. Dans notre rôle de pédiatres, nous constatons les effets en aval des fausses allégations tous les jours dans nos cliniques. Les familles exposées à la mésinformation peuvent attendre avant de demander des soins, investir leurs ressources limitées dans des traitements non démontrés ou perdre confiance en des interventions fondées sur des données probantes. Pour les familles marginalisées ou racisées, qui font déjà face à des obstacles aux soins en raison du racisme, de la langue et des iniquités systémiques, la confusion et la méfiance créées par la mésinformation aggravent les inégalités déjà existantes.

Ces dynamiques ont des retombées importantes pour la pratique de la pédiatrie et l’enseignement médical. La mésinformation érode la crédibilité des professionnels de la santé. Les familles qui perçoivent des contradictions entre ce qu’elles lisent en ligne et ce qu’elles entendent en clinique peuvent remettre nos compétences en question. Et la mésinformation détourne l’attention de ce qui importe le plus : soutenir les enfants et les familles en leur donnant accès à des interventions opportunes fondées sur des données probantes et à des mesures de soutien communautaires inclusives.

Comment les pédiatres peuvent-ils réagir?

À l’échelle clinique, la lutte contre la mésinformation devrait faire partie des soins réguliers. Les pédiatres peuvent commencer par demander aux familles ce qu’elles ont lu ou entendu, les écouter avec respect et reconnaître les émotions qui déclenchent ces questions. Une réponse empreinte d’empathie et de curiosité, plutôt qu’un rejet, ouvre la porte à la confiance. De là, il est possible de fournir des explications claires et fondées sur des données probantes, tout en soulignant ce que nous savons être positifs pour la santé et le développement de l’enfant.

À l’échelle professionnelle, les pédiatres ont la possibilité et la responsabilité de s’insurger activement contre la mésinformation. Autrement dit, ils devraient participer aux échanges plus vastes sur les réseaux sociaux, où de nombreuses familles découvrent pour la première fois l’information sur la santé. Les pédiatres peuvent faire ressortir les ressources crédibles, créer du contenu accessible ou s’associer à des porte-parole communautaires de confiance pour s’assurer que des messages exacts, adaptés à la culture et à la langue, atteignent les familles.

L’approche de la mésinformation par les « FAITS » 

F — Se familiariser avec les croyances
Demander aux familles ce qu’elles ont lu ou entendu. Commencer par écouter avant de corriger.

A — Admettre les sentiments
Valider les craintes, les espoirs ou les incertitudes qui sous-tendent les questions.

I — Informer clairement 
Fournir des explications concises et fondées sur des données probantes qui soulignent ce qui est bel et bien connu.

T — Transmettre au public
S’investir hors de la clinique par la diffusion d’information crédible et adaptée à la culture dans les réseaux sociaux et les médias traditionnels.

S — Soutenir un changement de système 
Revendiquer des politiques qui renforcent l’infrastructure des communications en santé et règlementent la désinformation préjudiciable.

Nous devons embrasser notre rôle de défenseurs des intérêts dans les médias traditionnels et dans les sphères politiques. Les pédiatres peuvent s’exprimer en public pour contrer les allégations préjudiciables et veiller à ce que les données scientifiques soient transmises clairement au public. Sur le plan des politiques, nous devons réclamer une meilleure règlementation en matière de désinformation de même que des investissements soutenus dans l’infrastructure des communications en santé. Des politiques en appui à des plateformes communautaires et multilingues s’imposent pour atteindre les familles les plus vulnérables à la mésinformation.

Au sein de notre profession, nous sommes des interlocuteurs de confiance. Si nous rencontrons les familles avec humilité et empathie en clinique, que nous communiquons publiquement avec le public sur les plateformes numériques et médiatiques et que nous réclamons des politiques plus vigoureuses, nous, les pédiatres, pouvons contribuer à garantir que la vérité et l’équité, et non les mythes, orientent les soins des enfants et les familles.


Le docteur Ripudaman Singh Minhas, MD MHP FRCPC FAAP, est pédiatre du développement au St. Michael’s Hospital, de Unity Health Toronto. C’est le responsable médical de Our Kids’ Health Network et le président de la Pediatricians Alliance of Ontario.


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Mise à jour : le 29 septembre 2025