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Aussi sécuritaire que nécessaire : une nouvelle approche du jeu

Affiché le 31 janvier 2024 par la Société canadienne de pédiatrie | Permalink

Catégorie(s) : Documents de principes et points de pratique

Les mesures de sécurité qui visent à protéger les enfants peuvent être dommageables lorsqu’elles deviennent trop restrictives, affirme la docteure Émilie Beaulieu, pédiatre à Québec et auteure principale d’un nouveau document de principes sur l’importance du jeu risqué.

« Il faut assurer la sécurité nécessaire des enfants pendant le jeu, mais pas les maintenir en sécurité à tout prix », précise-t-elle.

« Le jeu risqué peut entraîner des égratignures et des ecchymoses sans gravité, mais ce ne sont pas des blessures dont on devrait s’inquiéter. Il est également important de tenir compte de l’aspect de l’activité et de la santé mentale des enfants. »

Selon la docteure Beaulieu, les enfants ont besoin de jeu libre, particulièrement à l’extérieur, pour assurer leur sain développement et maintenir leur santé physique, mentale et sociale. Les adultes peuvent s’inquiéter des risques inhérents au jeu libre, comme tomber d’une structure de jeu, mais la docteure Beaulieu indique que les avantages sont de loin supérieurs aux inconvénients.

« On sait que le jeu risqué est très utile pour la santé physique : les enfants sont plus actifs et améliorent leurs habiletés motrices, par exemple. Il est également bénéfique pour la santé mentale, y compris une meilleure estime de soi, de meilleures amitiés et de meilleures interactions avec leurs camarades. »

Par ailleurs, elle explique qu’il est important de convenir que le risque est différent du danger.

Le jeu risqué incite l’enfant à reconnaître et à évaluer le défi et à décider comment l’aborder, d’après ses préférences et la perception qu’il a de ses habiletés. Par exemple : « Jusqu’où puis-je grimper dans cette structure de jeu? » Un danger est bien différent : il est lié à un potentiel de blessure qui dépasse ce que l’enfant est capable de reconnaître ou de gérer. Par exemple, un toboggan mal ancré peut basculer sous son poids.

« L’idée du jeu risqué peut sembler nouvelle et surprenante, mais de nombreuses publications en parlent, souligne la docteure Beaulieu. Elle est déjà acceptée dans de nombreux pays, en particulier les pays nordiques comme la Finlande. Les enfants de ces pays ne sont pas plus victimes de blessures graves. C’est simplement une autre façon de concevoir le jeu. »

Cette nouvelle approche découle en partie des effets des mesures de sécurité de plus en plus restrictives adoptées au Canada depuis quelques années en milieu de garde, dans les écoles et les terrains de jeu.

Ces restrictions peuvent avoir évité des bosses et des bleus, mais aussi avoir inhibé la capacité des enfants à explorer, à puiser dans leur imagination et à bâtir leur confiance et leurs habiletés.

« Le jeu libre est essentiel pour créer les bases de la santé et du développement de l’enfant. La participation au jeu libre peut avoir des effets positifs sur divers problèmes de santé, et même les prévenir », explique la docteure Beaulieu.

« Les règles restrictives sur le jeu à la maison, en milieu de garde ou à l’école ont eu des conséquences sur la santé publique. La sécurité est importante, mais il faut aborder les précautions de manière plus équilibrée. »

La docteure Beaulieu espère que le document de principes encouragera les pédiatres à parler aux familles des avantages du jeu risqué extérieur, car ce peut être une stratégie particulièrement utile pour gérer les enjeux relatifs à la santé mentale, aux problèmes de comportement ou à une vie active.

« Dans notre rôle de pédiatre, nous parlons constamment aux familles d’habitudes de sommeil et d’alimentation. Les échanges sur le jeu risqué ne sont qu’un autre aspect de leur vie que nous devrions aborder et au sujet duquel nous devrions les interroger », explique-t-elle.

Pour lire le document de principes, consultez la page https://cps.ca/fr/documents.


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Mise à jour : le 21 mars 2024