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L’exposition aux aliments et la prévention des allergies chez les nourrissons à haut risque

Affichage : le 17 décembre 2021


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Auteur(s) principal(aux)

Elissa M. Abrams, Julia Orkin, Carl Cummings, Becky Blair, Edmond S. Chan, Comité de la pédiatrie communautaire, Section des allergies

Paediatr Child Health 2021 26(8):498–503 (Résumé).

Résumé

Un nourrisson est à haut risque d’allergie alimentaire si lui ou un membre de sa famille immédiate présente une affection atopique (comme l’eczéma). Il faut promouvoir et soutenir l’allaitement, quels que soient les enjeux reliés à la prévention des allergies alimentaires, mais chez les nourrissons dont la mère ne peut pas allaiter ou choisit de ne pas le faire, il n’est pas recommandé d’utiliser une préparation en particulier (p. ex., les préparations hydrolysées) pour prévenir les allergies alimentaires. Lorsque les préparations à base de lait de vache sont introduites dans l’alimentation d’un nourrisson, il faut s’assurer de maintenir une ingestion régulière (pas nécessairement plus de 10 mL par jour) pour éviter la perte de tolérance. Chez les nourrissons à haut risque, des données concluantes indiquent que l’introduction précoce d’aliments allergènes (vers l’âge de six mois, mais pas avant l’âge de quatre mois) peut prévenir les allergies alimentaires courantes, notamment les allergies aux arachides et aux œufs. Lorsqu’un aliment allergène a été introduit, il est important d’en maintenir une ingestion régulière (p. ex., quelques fois par semaine) pour maintenir la tolérance. Il est possible d’introduire les aliments allergènes courants sans faire de pause de quelques jours entre chaque nouvel aliment. Par ailleurs, le risque d’une grave réaction lors de la première exposition est très faible chez le nourrisson. Il n’est pas recommandé de procéder au dépistage préventif en cabinet avant d’introduire des aliments allergènes. Aucune recommandation ne peut être formulée pour l’instant sur le rôle des modifications à l’alimentation de la mère pendant la grossesse ou l’allaitement, ou sur les suppléments de vitamine D, d’oméga 3, de prébiotiques ou de probiotiques pour prévenir les allergies alimentaires.

Mots-clés : allaitement, allergie alimentaire, nourrissons

Introduction

La prévalence autodéclarée d’allergies alimentaires s’établit à environ 6% au Canada [1], et le taux d’allergies alimentaires a augmenté depuis quelques décennies [2]. Selon les données probantes récentes, il est possible de prévenir l’apparition des allergies alimentaires chez les nourrissons. Plusieurs études [3][4] et une méta-analyse [5] soutiennent l’introduction précoce des aliments allergènes (notamment les arachides et les œufs cuits) pour éviter d’en devenir allergique. Le présent document de principes révisé remplace celui que la Société canadienne de pédiatrie (SCP) a publié en 2013 sur le sujet [6] et complète le point de pratique de la SCP de 2019 sur la question [7]. Les recherches récentes appuient des recommandations plus vigoureuses qu’auparavant afin de favoriser l’introduction des aliments allergènes tôt au cours de la vie. De plus, des données concluantes justifient désormais de modifier des recommandations connexes, y compris la définition du nourrisson à haut risque d’allergies [3][8], le rôle du dépistage préventif [8]-[12], le rôle des préparations hydrolysées [13][14] pour prévenir les allergies et le rôle préventif de l’allaitement par rapport à l’introduction précoce d’aliments solides [15]-[17].

La définition du risque

Il n’y a pas de consensus international sur la définition du nourrisson à haut risque d’allergie alimentaire. Le point de pratique de la SCP définit un nourrisson à haut risque comme présentant une histoire personnelle d’atopie ou dont un parent au premier degré (au moins un parent, un frère ou une sœur) présente une affection atopique (p. ex., asthme, rhinite allergique, allergie alimentaire ou eczéma) [7]. Cette définition est reprise dans le présent document parce qu’elle est plus large que celles reposant seulement sur l’histoire familiale [6][18] et qu’elle reflète les données probantes croissantes selon lesquelles les nourrissons les plus à risque de contracter une allergie alimentaire possèdent des antécédents personnels d’eczéma ou sont déjà atteints d’une autre allergie alimentaire [19]-[22]. Cette définition inclusive reflète également celle des National Institutes for Allergy and Infectious Diseases (NIAID, instituts nationaux des allergies et des maladies infectieuses) selon laquelle un nourrisson à haut risque d’allergie aux arachides souffre d’eczéma grave, d’allergie aux œufs ou de ces deux affections [8]. Il est toutefois important de se rappeler que des nourrissons sans facteurs de risque particuliers peuvent souffrir d’une allergie alimentaire [23].

L’allaitement et l’alimentation de la mère pendant la grossesse et l’allaitement

Les recherches sur le rôle de l’ingestion d’allergènes par la mère pendant la grossesse et l’allaitement se limitent à des études observationnelles aux résultats hétérogènes (tableau 1). Les analyses systématiques de ces études n’ont révélé aucun lien entre l’alimentation de la mère et les allergies alimentaires de leurs enfants [24][25]. Certains auteurs ont souligné que des limites à la méthodologie, à l’analyse et aux critères d’inclusion ont affaibli les résultats [26], et une analyse systématique récente a conclu qu’il n’y avait pas de données probantes suffisantes pour recommander de modifier l’alimentation des femmes enceintes ou allaitantes afin de prévenir les allergies chez leurs nourrissons, que ce risque soit élevé ou standard [26][27]. Pour ce qui est de l’allergie aux arachides, de récentes études indiquent que les mères qui consomment des arachides pendant l’allaitement pourraient réduire le risque de sensibilisation aux arachides de leur nourrisson, pourvu que celles-ci soient aussi introduites précocement dans son alimentation [28][29]. Cependant, ces études sont insuffisantes pour appuyer la recommandation d’ingérer activement des protéines d’arachides pendant l’allaitement. Il est établi qu’il n’y a pas d’avantages à ce que la mère évite des aliments pendant la grossesse ou l’allaitement; une analyse Cochrane a non seulement souligné le fait que le taux d’atopie ne diminue pas, mais qu’il comporte des dangers, y compris une tendance vers l’augmentation du risque d’accouchement prématuré ou de petit poids à la naissance [25]. Des études randomisées et contrôlées en cours permettront de mieux éclairer cet enjeu [30][31]. Il n’y a donc pas vraiment de données probantes pour affirmer que la modification de l’alimentation de la mère pendant la grossesse et l’allaitement constitue une stratégie efficace pour prévenir les allergies alimentaires.

Les données sur l’allaitement lui-même comme stratégie de prévention des allergies alimentaires sont également mitigées. Certaines études soutiennent que l’allaitement prévient les allergies, tandis que d’autres ne constatent aucune association [32]-[34]. Les publications sur l’allaitement comportent des limites, y compris la tenue d’études purement observationnelles, la non-uniformité des durées d’allaitement et la variabilité des critères diagnostiques de l’allergie alimentaire.

Pour de nombreuses raisons liées à la promotion de la santé qui n’ont rien à voir avec la prévention des allergies alimentaires [18], l’Organisation mondiale de la Santé et d’autres grandes organisations internationales [6][35] appuient l’allaitement exclusif jusqu’à l’âge de six mois, puis la poursuite de l’allaitement complémentaire jusqu’à l’âge de deux ans, et même plus longtemps [36][37].

Tableau 1. Les expositions et leur association avec la prévention des allergies alimentaires
Exposition Y contribue N’y contribue pas Niveau le plus élevé de données probantes Qualité des données probantes
Ingestion d’arachides par la mère pendant la grossesse et l’allaitement - + Étude observationnelle B
Probiotiques - + Étude randomisée et contrôlée C
Allaitement - ++ Étude observationnelle B
Préparations hydrolysées - +++ Étude observationnelle B
Introduction précoce d’un aliment allergène aux nourrissons (arachides entre 4 et 11 mois, œufs entre 4 et 6 mois) +++ - Étude randomisée et contrôlée A
Suppléments de vitamine D - + Étude observationnelle B

Groupe de travail GRADE. Qualité des données probantes (en anglais) A (Des recherches plus approfondies sont peu susceptibles de modifier cette recommandation); B (Des recherches plus approfondies sont susceptibles d’avoir des répercussions sur la confiance envers cette recommandation); C (Des recherches plus approfondies sont très susceptibles d’avoir des répercussions importantes sur la confiance envers cette évaluation de l’effet)

D’après une analyse exploratoire des publications jusqu’à présent, sur une échelle de + < ++ < +++

Source : Abrams EM, Chan ES. It’s not mom’s fault: Prenatal and early life exposures that do and do not contribute to food allergy development. Immunol Allergy Clin N A 2019;39(4):447-57. Traduction et adaptation autorisées

Le choix de la préparation commerciale pour nourrisson

À l’heure actuelle, les données sont insuffisantes pour qu’on puisse conseiller des préparations particulières, comme les préparations hydrolysées, pour prévenir les allergies. Afin de prévenir les affections atopiques en général, les directives antérieures indiquaient d’utiliser des préparations hydrolysées lorsque la mère ne pouvait pas allaiter ou choisissait de ne pas le faire [6][18]. Cependant, selon une récente analyse Cochrane, aucune donnée probante n’appuie l’utilisation de préparations hydrolysées à court ou à plus long terme (par rapport à l’allaitement exclusif) pour prévenir l’atopie [38]. De plus, une récente méta-analyse n’a pas trouvé de données probantes démontrant que les préparations commerciales, qu’elles soient partiellement ou fortement hydrolysées, prévenaient les affections atopiques, y compris les allergies alimentaires [13]. Les données probantes actuelles ne soutiennent pas l’utilisation des préparations hydrolysées de préférence aux préparations à base de lait de vache pour prévenir les affections atopiques.

En ce qui concerne plus particulièrement les préparations commerciales à base de lait de vache, trois études observationnelles ont recensé un risque accru d’allergie au lait de vache en cas d’ingestion tardive ou irrégulière de ce type de lait en début de vie [39]-[41]. Selon une récente étude randomisée et contrôlée auprès de 504 nourrissons du Japon, l’ingestion d’au moins 10 mL de préparation commerciale à base de lait de vache au moins une fois par jour (par rapport à l’évitement de ces suppléments) à l’âge de un ou deux mois réduisait considérablement l’allergie au lait de vache à l’âge de six mois (0,8% par rapport à 6,8%, risque relatif (RR) 0,12, intervalle de confiance (IC) à 95%, 0,01 à 0,50; probabilité (P) 0<0,001). De plus, les préparations commerciales à base de lait de vache ne « concurrençaient » pas l’allaitement. Environ 70% des nourrissons des deux groupes étaient toujours allaités au bout de six mois [42]. Les deux groupes avaient été fréquemment exposés aux préparations commerciales à base de lait de vache jusqu’à l’âge d’un mois, et les données probantes indiquaient que l’arrêt de cette ingestion pendant le deuxième mois accroissait le risque d’allergie au lait de vache. Ainsi, les praticiens et les familles devraient savoir que le fait de compléter l’allaitement par des suppléments irréguliers de préparations commerciales à base de lait de vache peut accroître le risque d’allergie à ce type de lait. Si ces préparations sont introduites, il faut en poursuivre l’ingestion régulière (pas nécessairement plus de 10 mL tous les jours) pour éviter une perte de tolérance [42].

L’introduction des aliments solides

Plusieurs études observationnelles ont fait ressortir une association entre l’ingestion précoce (avant l’âge de six mois) d’un allergène alimentaire donné (notamment le lait de vache, les œufs et les arachides) et un plus faible taux d’allergie à cet aliment pendant l’enfance [43]-[45]. Les études réalisées depuis 2013, y compris les études randomisées et contrôlées, ont fourni des données probantes convaincantes en appui à l’introduction précoce des aliments allergènes pour prévenir les allergies alimentaires chez les nourrissons à haut risque.

L’étude pour l’acquisition rapide de connaissances sur les allergies aux arachides (étude LEAP, d’après l’acronyme anglais) a permis de réaliser une avancée majeure au sujet des nourrissons à haut risque d’allergie aux arachides [3]. Dans cette étude, 640 nourrissons ayant une forme grave d’eczéma ou une allergie aux œufs (ou ces deux affections) ont été répartis au hasard entre l’ingestion précoce d’arachides (entre l’âge de quatre et 11 mois) et l’évitement des arachides jusqu’à l’âge de cinq ans. Les résultats ont démontré une réduction de 80% des allergies aux arachides dans le groupe de consommation précoce [3]. L’étude LEAP a établi un effet préventif tant chez les nourrissons ayant obtenu de résultats négatifs aux épreuves cutanées (13,7% par rapport à 1,9%; P <0,001) que chez ceux dont les résultats étaient positifs (35,3% par rapport à 10,6%; P=0,004), ce qui favorisait l’introduction précoce des arachides en guise de prévention primaire tout autant que secondaire. Une récente méta-analyse et analyse systématique a confirmé avec une certitude modérée que l’introduction précoce d’arachides (entre l’âge de quatre et 11 mois) est associée à une diminution des allergies aux arachides (RR 0,29; IC à 95%, 0,11 à 0,74) [5].

Cinq études randomisées et contrôlées ont évalué l’introduction précoce des œufs chez les nourrissons à haut risque afin de prévenir l’allergie aux œufs et ont obtenu des résultats contradictoires, peut-être parce que les œufs étaient ingérés sous différentes formes. Dans la seule étude randomisée et contrôlée qui a porté sur l’ingestion précoce d’œufs cuits (l’étude PETIT, d’après l’acronyme anglais d’étude sur la prévention des allergies aux œufs par l’ingestion de minuscules quantités), 147 nourrissons atteints d’eczéma ont été répartis au hasard entre l’ingestion d’œufs à l’âge de six mois et l’évitement des œufs jusqu’à l’âge d’un an, et une réduction significative des allergies aux œufs a été observée dans le groupe d’ingestion précoce (RR 0,222; IC à 95%, 0,081 à 0,607; P=0,0012) [4]. En revanche, quatre études randomisées et contrôlées sur l’ingestion précoce d’œufs crus pasteurisés n’a pu démontrer d’effet préventif contre l’allergie aux œufs ou de taux élevé d’événements indésirables, ni ces deux constatations [46]-[49]. Une méta-analyse et analyse systématique a établi avec une certitude modérée que l’introduction précoce des œufs (à l’âge de quatre à six mois) était associée à une diminution des allergies aux œufs (RR 0,56; IC à 95%, 0,36 à 0,87) [5].

Une seule étude randomisée, l’étude sur l’évaluation de la tolérance (EAT, d’après l’acronyme anglais), a porté sur l’introduction précoce de multiples aliments allergènes (arachides, lait de vache, sésame, poisson, blé, œuf) [23] chez 1 303 nourrissons présentant un risque standard. Ces nourrissons ont été répartis entre l’ingestion précoce (à l’âge de trois mois) ou plus habituelle (à l’âge de six mois) des six allergènes. Les chercheurs n’ont relevé aucune différence significative dans le taux d’allergies alimentaires entre les deux groupes pendant l’analyse en intention de traiter (5,6% par rapport à 7,1% respectivement; P=0,32). L’adhésion était toutefois un enjeu important dans cette étude, puisqu’elle s’élevait globalement à 42,8%.

Après l’étude LEAP, les NIAID ont publié un addenda aux lignes directrices dans lesquelles ils ont recommandé que, chez les nourrissons ayant un eczéma grave, une allergie aux œufs ou ces deux affections, les arachides soient introduites dans leur alimentation entre l’âge de quatre et six mois [8]. Chez les nourrissons ayant un eczéma léger à modéré, la recommandation consistait à introduire les allergènes à la maison vers l’âge de six mois, et chez ceux n’ayant pas de facteurs de risque atopiques, à les introduire selon les préférences des parents et leurs normes culturelles. Le point de pratique de la SCP recommandait également que les nourrissons ayant une histoire d’atopie personnelle ou dans la famille immédiate se voient introduire des aliments allergènes vers l’âge de six mois (mais pas avant l’âge de quatre mois) [7][10], conformément aux recommandations d’autres organisations internationales, comme l’Australasian Society of Clinical Immunology and Allergy [10].

Il reste encore plusieurs zones d’incertitude. L’introduction d’aliments allergènes solides avant l’âge de six mois pour prévenir les allergies alimentaires chez les nourrissons à haut risque demeure quelque peu controversée dans certains contextes. On ne connaît pas la quantité optimale d’allergènes solides par portion, et on ne possède pas de données probantes relatives à d’autres aliments allergènes courants (p. ex., noix, sésame, céréales, soja, poisson et fruits de mer), même si on pense que le mécanisme de sensibilisation est semblable. Chez les nourrissons ayant des allergies alimentaires non induites par les IgE (p. ex., le syndrome d’entérocolite induite par les protéines alimentaires (SEIPA)), les lignes directrices indiquent de retarder l’introduction d’aliments allergènes comme les œufs et les arachides pour réduire le risque de SEIPA en réponse à ces aliments [50]. Cependant, puisque les allergies alimentaires induites par les IgE sont non seulement plus fréquentes, mais qu’il est généralement plus difficile de s’en débarrasser, le risque d’allergie à médiation IgE aux arachides ou aux œufs découlant de l’introduction tardive de ces aliments est plus inquiétant que l’avantage théorique d’en retarder l’introduction en cas de SEIPA [51]. De plus, on ne connaît toujours pas la fréquence optimale d’ingestion des aliments allergènes solides, même si le protocole de toutes les études randomisées et contrôlées effectuées jusqu’à présent requérait une ingestion régulière (généralement plusieurs fois par semaine) [3][39][40]. Comme on l’a souligné plus haut, les études sur les préparations commerciales à base de lait de vache laissent supposer que l’exposition irrégulière pourrait accroître le risque d’allergie à ce type de lait [39]-[41]. Même si on ne connaît pas la fréquence d’ingestion d’allergènes solides, la régularité semble importante, et en 2019, la SCP a recommandé quelques ingestions par semaine pour favoriser une tolérance continue [7].

Il n’y a pas de données solides sur les bienfaits d’espacer l’introduction des divers aliments (d’un certain nombre de jours, par exemple), et certains allergologues peuvent recommander d’introduire des mélanges (p. ex., différents mélanges de beurres de noix) au cas par cas, pour plus de commodité. Dans un récent sondage auprès de pédiatres des États-Unis, la plupart d’entre eux ne conseillaient pas aux familles d’attendre trois jours (ou plus) entre chaque aliment, soulignant que cette pratique peut limiter la diversité alimentaire chez les nourrissons et retarder l’introduction précoce des arachides [52].

L’introduction des aliments solides avant l’âge de six mois comporte également l’inconvénient potentiel de nuire à la durée totale de l’allaitement et aux avantages de l’allaitement exclusif. Cependant, ni l’étude LEAP ni l’étude EAT n’ont établi de différence significative quant à la durée de l’allaitement entre les groupes à l’étude [3][23], et une récente étude canadienne a révélé que les pédiatres et les médecins de familles ne s’inquiétaient pas vraiment du risque que l’introduction plus précoce des aliments solides compromette l’allaitement [53].

Le dépistage préventif

Les NIAID ont recommandé d’effectuer une épreuve cutanée à visée préventive ou des analyses d’IgE spécifiques dans le sang avant d’introduire les arachides chez les nourrissons à haut risque. L’American Academy of Pediatrics (AAP) a soutenu cette recommandation dans sa propre déclaration de 2019, mais a ajouté que les tests ne devraient pas être un élément dissuasif ni produire d’erreur de dépistage (p. ex., en incluant les nourrissons à plus faible risque ayant un eczéma léger à modéré, de même que ceux dans la catégorie à haut risque) [8][14]. Cependant, ces recommandations de dépistage n’ont pas été adoptées dans des lignes directrices influentes de la Grande-Bretagne et de l’Australasie ni dans les nouvelles directives consensuelles nord-américaines [9][10][22]. Des limites importantes en population, telles que des taux élevés de résultats positifs, non pertinents sur le plan clinique, et l’absence d’épreuve alimentaire par voie orale pour les exclure chez le nourrisson [53], rendent le dépistage préventif irréalisable [2][54]. Les longues listes d’attente [53][55], le faible rapport coût-efficacité [56][57], le risque d’erreur de dépistage [57] et la faible acceptation de cette approche par les parents s’ajoutent aux entraves [53][59][60] au dépistage préventif.

Une étude de faisabilité australienne a déterminé que pour dépister tous les nourrissons considérés comme à haut risque d’allergie aux arachides, il faudrait tester 16% de la population de nourrissons, mais qu’on raterait tout de même 23% des cas de telles allergies [19]. De plus, aucun des nourrissons du volet d’introduction précoce de l’étude LEAP n’a souffert d’anaphylaxie à la première ingestion, et aucun décès n’a été répertorié après l’introduction précoce [3]. Même si un cas d’anaphylaxie se produisait après la première ingestion, une étude américaine réalisée en 2018 a démontré que seulement 4% des nourrissons qui souffraient d’anaphylaxie présentaient des symptômes vraiment graves, soit un taux moins élevé que chez les enfants plus âgés, et aucun décès n’a été constaté [61]. Une autre étude américaine récente évaluant les consultations à l’urgence liées aux allergies alimentaires a démontré que les nourrissons présents à cause d’une anaphylaxie avaient tendance à présenter cette réaction après la première ingestion connue de l’aliment en cause, et que les enfants de moins de deux ans étaient moins susceptibles de satisfaire aux critères d’anaphylaxie que les enfants plus âgés [62]. Les données publiées en Australie en 2019 ont également révélé une acceptation élevée de l’introduction précoce des arachides sans dépistage préventif. L’ingestion précoce d’arachides a triplé en 2017-2018 simplement grâce à l’information, 88,6% (IC à 95%, 86,1% à 90,7%) des nourrissons ayant commencé à ingérer des arachides avant l’âge de 12 mois, par rapport à seulement 28,4% (IC à 95%, 27,2% à 29,7%) entre 2007 et 2011 [63]. Le risque de grave réaction aux arachides est extrêmement faible dans le contexte de l’introduction des arachides chez le nourrisson à la maison (0,08%); la prise de conscience de ce phénomène devrait contribuer à la mise en œuvre des mesures de prévention des allergies alimentaires [64][65].

Au Canada, les données probantes sont insuffisantes pour soutenir le dépistage préventif des aliments allergènes avant leur introduction dans l’alimentation de l’enfant, et ce dépistage n’est pas recommandé systématiquement. L’introduction d’aliments allergènes en cabinet ou lors de renvez-vous virtuels [66] ne doit être envisagée qu’auprès des familles qui sont très hésitantes à mettre ces stratégies à l’essai à la maison, malgré toute l’information qu’elles ont reçue.

Les autres interventions

Plusieurs autres interventions, y compris les suppléments de vitamine D [67][68], d’oméga 3 [69][70], de prébiotiques et de probiotiques [71]-[74], font l’objet d’études sur leur capacité à prévenir les allergies alimentaires, mais les données sont mitigées, et il est impossible de tirer des conclusions définitives à leur sujet pour l’instant.

Recommandations pour les cliniciens

  • Considérer qu’un nourrisson est à haut risque d’allergie alimentaire s’il possède des antécédents personnels d’atopie ou si un membre de sa parenté au premier degré (au moins un parent, un frère ou une sœur) est atteint d’une affection atopique (comme l’asthme, la rhinite allergique, l’allergie alimentaire ou l’eczéma).
  • Promouvoir et soutenir l’allaitement jusqu’à l’âge de deux ans et même plus longtemps, sans tenir compte des enjeux liés à la prévention des allergies alimentaires.
  • Les données probantes étant insuffisantes, ne pas recommander de modifier l’alimentation de la mère en vue de prévenir une allergie alimentaire (en lui faisant éviter ou en lui recommandant d’ingérer certains aliments allergènes pendant la grossesse ou l’allaitement).
  • Chez les mères qui ne peuvent pas allaiter ou qui choisissent de ne pas le faire, ne pas recommander de préparations hydrolysées pour prévenir les affections atopiques (p. ex., eczéma, asthme, rhinite allergique), que les nourrissons soient à haut risque ou à faible risque.
  • Éviter les suppléments intermittents par des préparations à base de lait de vache intact (p. ex., quelques biberons à l’hôpital, suivis d’un allaitement exclusif), parce qu’ils accroissent le risque d’allergie au lait de vache.
  • Chez les nourrissons à haut risque, encourager l’introduction précoce des aliments allergènes (p. ex., œufs cuits (pas crus), arachides) à la maison, vers l’âge de six mois, mais pas avant l’âge de quatre mois, d’une manière sécuritaire et adaptée au développement. Chez les nourrissons à faible risque d’allergie alimentaire, les aliments allergènes peuvent également être introduits vers l’âge de six mois.
  • Si on le désire, introduire divers nouveaux aliments plusieurs jours de suite, notamment les aliments allergènes courants; aucune donnée probante n’indique que cette démarche peut être nuisible.
  • Une fois les aliments allergènes introduits, s’assurer de poursuivre l’ingestion régulière de portions adaptées à l’âge (quelques fois par semaine), afin de maintenir la tolérance.
  • Il n’est pas recommandé de procéder au dépistage préventif des allergies alimentaires chez les nourrissons. Expliquer aux familles que le risque de réaction grave à la première exposition à un allergène est extrêmement faible.
  • Actuellement, les données sont insuffisantes pour recommander l’administration de suppléments de vitamine D, d’oméga 3, de prébiotiques ou de probiotiques pour prévenir les allergies alimentaires chez les nourrissons.

Remerciements

Le comité de nutrition et de gastroentérologie de la Société canadienne de pédiatrie a révisé le présent document de principes. Les auteurs remercient Maude Perreault, D.pt. Ph. D., et Brock Williams D.pt. M. Sc. Ph. D. (candidat), qui ont révisé le présent document au nom des Diététistes du Canada.


COMITÉ DE LA PÉDIATRIE COMMUNAUTAIRE DE LA SOCIÉTÉ CANADIENNE DE PÉDIATRIE (2020-2021)

Membres : Tara Chobotuk MD, Carl Cummings MD (président sortant), Michael Hill MD, Audrey Lafontaine MD, Alisa Lipson MD, Marianne McKenna MD (représentante du conseil), Julia Orkin MD (présidente), Larry Pancer MD (membre sortant)

Représentant : Peter Wong MD, section de la pédiatrie communautaire de la SCP

SECTION DES ALLERGIES DE LA SOCIÉTÉ CANADIENNE DE PÉDIATRIE (2020-2021)

Membres du comité directeur : Elissa M. Abrams MD MHP (présidente), Edmond S. Chan MD (secrétaire-trésorier)

Auteurs principaux : Elissa M. Abrams MD MSP, Julia Orkin MD, Carl Cummings MD, Becky Blair M. Sc. Dt.P., Edmond S. Chan

SOCIÉTÉ CANADIENNE D’ALLERGIE ET D’IMMUNOLOGIE CLINIQUE, SECTION PÉDIATRIE

Elissa M. Abrams MD MSP, Wade Watson MD M. Éd., Tim Vander Leek MD, Adelle Atkinson MD, Marie-Noël Primeau MD, Marie-Josée Francœur MD, Mary McHenry MD, Elana Lavine MD, Edmond S. Chan MD

LES DIÉTÉTISTES DU CANADA

Maude Perreault Dt.P. Ph. D., Brock Williams M. Sc. Dt.P.


Références

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Avertissement : Les recommandations du présent document de principes ne constituent pas une démarche ou un mode de traitement exclusif. Des variations tenant compte de la situation du patient peuvent se révéler pertinentes. Les adresses Internet sont à jour au moment de la publication.

Mise à jour : le 8 février 2024