Point de pratique
Affichage : le 14 août 2025
Dorothy L. Moore; Société canadienne de pédiatrie, Comité des maladies infectieuses et d’immunisation
La Société canadienne de pédiatrie continue d’encourager la vaccination antigrippale annuelle de TOUS les enfants et les adolescents, dès l’âge de six mois. Les recommandations du Comité consultatif national de l’immunisation pour la saison 2025-2026 ne sont pas très différentes de celles de la saison précédente. Tant le vaccin trivalent que le vaccin quadrivalent peuvent être utilisés chez les enfants âgés de six mois ou plus. Le vaccin antigrippal inactivé ou le vaccin vivant atténué peuvent être utilisés chez les enfants et les adolescents de deux à 17 ans qui ne sont pas immunodéprimés[1].
Mots-clés : CCNI; enfants; vaccin antigrippal; vaccin inactivé contre l’influenza; VVAI
Les pédiatres et les autres professionnels de la santé qui s’occupent d’enfants et d’adolescents ont des rôles importants à jouer pour promouvoir le vaccin antigrippal. Pour accroître l’adoption de ce vaccin, ils peuvent aider les familles à comprendre la gravité potentielle de l’infection tout autant que l’efficacité et l’innocuité de la vaccination. Le vaccin contre l’influenza est particulièrement important pour limiter les répercussions d’éclosions simultanées de grippe et de COVID-19 sur le système de santé et sur les particuliers.
Le présent point de pratique résume les récentes recommandations du Comité consultatif national de l’immunisation (CCNI)[1].
Le CCNI recommande la vaccination antigrippale de toutes les personnes de six mois et plus, notamment celles qui présentent un risque élevé de complications et d’hospitalisation liées à la grippe et celles qui sont susceptibles de transmettre la grippe à des personnes présentant un risque élevé (encadré 1)[1]. La Société canadienne de pédiatrie encourage la vaccination antigrippale annuelle de TOUS les enfants et les adolescents, dès l’âge de six mois, de même que des personnes – y compris les pédiatres et les autres professionnels de la santé – susceptibles de transmettre la grippe à celles présentant un risque élevé de complications[1]. Les enfants de moins de cinq ans sont considérés à haut risque, sans compter qu’ils sont des vecteurs efficaces de transmission[2].
La réponse immunitaire à l’influenza ne persiste pas toujours plus d’un an, et les souches en circulation changent souvent. Les souches des vaccins ont généralement besoin d’être mises à jour chaque année. Pour la saison 2025-2026, le composant A(H3N2) a été remplacé, tandis que les composants A(H1N1) et B demeurent les mêmes que lors de la saison 2024-2025[3].
Pendant plusieurs décennies, les vaccins antigrippaux étaient composés de deux sous-types de l’influenza A et d’une lignée de l’influenza B. Lorsque la circulation annuelle des deux lignées de l’influenza B sont devenues fréquentes, les vaccins trivalents ont été remplacés par des vaccins quadrivalents qui contiennent deux lignées de l’influenza B (Victoria et Yamagata). Le CCNI a alors recommandé l’utilisation préférentielle des vaccins quadrivalents auprès des enfants et des adolescents à cause du fardeau plus élevé de l’influenza B auprès de cette population par rapport à celui observé chez les adultes.
Depuis mars 2020, la lignée B/Yamagata a disparu dans le monde, et seule la lignée B/Victoria est en circulation. En septembre 2023, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a recommandé de retirer la lignée B/Yamagata du vaccin antigrippal annuel et de transitionner du vaccin quadrivalent au vaccin trivalent. La lignée B/Yamagata n’est plus nécessaire, et il existe un risque théorique de la réintroduire accidentellement chez les humains pendant le processus de fabrication, qui se fait à partir d’un virus vivant, ou par l’utilisation du vaccin vivant atténué contre l’influenza (VVAI), qui renferme la souche Yamagata[1].
Deux types de vaccin antigrippal sont homologués au Canada : les vaccins inactivés contre l’influenza (VII), administrés par injection intramusculaire, et le VVAI, administré par voie intranasale (voir le tableau 1).
Il est prévu qu’au cours de la prochaine saison, la seule dose standard de VII sera offerte au Canada le sera sous forme quadrivalente (VII4-SD), car les fabricants ont besoin de temps pour se réadapter à la production d’un vaccin trivalent. Cependant, ce vaccin trivalent pourra être utilisé auprès des enfants s’il devient disponible. En effet, tant le vaccin trivalent que le vaccin quadrivalent demeurent efficaces et sécuritaires[1]. Un VII3 contenant un adjuvant (VII3-Adj; Fluad, Seqirus) est offert aux enfants de six à 23 mois et aux adultes de 65 ans et plus. La plupart des VII homologués au Canada sont produits dans des œufs. Un vaccin produit dans des cultures cellulaires de mammifères (VII4-cc; Flucelvax, Seqirus), est homologué au Canada pour les personnes de six mois ou plus[1]. Un vaccin produit au moyen de la technologie recombinante (VIR4; Supemtek, Sanofi Pasteur) a été autorisé pour les adultes de 18 ans et plus en janvier 2021, mais n’est pas encore offert aux enfants[1].
Seule la forme quadrivalente du VVAI est mise en marché pour l’instant. Le VVAI est autorisé chez les personnes de deux à 59 ans. La congestion nasale et la rhinorrhée transitoires en sont les principaux effets secondaires. Ce vaccin n’est pas homologué pour les enfants de moins de deux ans en raison de l’accroissement faible, mais significatif, du taux de sibilances respiration sifflante observé de deux à quatre semaines après la vaccination dans cette tranche d’âge. Il peut être utilisé chez les enfants et les adolescents non immunodéprimés de deux à 17 ans. Selon le CCNI déclare que, même si le VII est préférable, le VVAI peut être envisagé chez certains enfants atteints d’une infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) bien contrôlée (défini au tableau 1) qui n’acceptent pas le VII. Des études récentes ont démontré une protection comparable par le VVAI et le VAI chez les enfants. Lorsque le VVAI n’est pas contre-indiqué, l’un ou l’autre de ces vaccins peut être utilisé[1]. Chez les adultes, certaines données indiquent que le VII serait plus efficace que le VVAI. Ces deux vaccins peuvent être utilisés chez les adultes en santé, mais on devrait privilégier le VII chez ceux qui sont atteints d’une affection chronique[1]. Les vaccins offerts et les préférences du CCNI auprès des enfants et des adolescents figurent au tableau 1[1].
Tableau 1. Choix du vaccin antigrippal pour certaines tranches d’âge et certains groupes à risque* |
||
Tranche d’âge, profil de santé |
Types de vaccins disponibles |
Commentaires |
6 à 23 mois |
VII4-SD VII4-cc VII3-Adj |
Le VII3-SD peut également être utilisé s’il est disponible. |
2 à 17 ans, en bonne santé ou atteint d’une affection chronique sans immunodépression† |
VII4-SD VII4-cc VVAI4 |
Le VII3-SD peut également être utilisé s’il est disponible. Le VVAI3 peut également être utilisé s’il est disponible. (Voir les contre-indications à l’utilisation du VVAI.) |
2 à 17 ans, immunodépression† |
VII4-SD VII4-cc |
Le VII3-SD peut également être utilisé s’il est disponible. Le VVAI est contre-indiqué. |
Grossesse |
VII4-SD VII4-cc |
Le VII3-SD peut également être utilisé s’il est disponible Le VVAI n’est pas recommandé (n’a pas été étudié; le vaccin vivant pose un risque théorique pour le fœtus). |
VII : vaccin inactivé contre l’influenza; VII3-Adj : vaccin trivalent inactivé contre l’influenza avec adjuvant; VII4 : vaccin quadrivalent inactivé contre l’influenza; VII3-SD : vaccin trivalent inactivé contre l’influenza à dose standard; VII4-SD : vaccin quadrivalent inactivé contre l’influenza à dose standard; VII4‑cc : vaccin quadrivalent inactivé contre l’influenza à base de culture cellulaire; VVAI : vaccin vivant atténué contre l’influenza; VVAI3 : vaccin trivalent vivant atténué contre l’influenza; VVAI4 : vaccin quadrivalent vivant atténué contre l’influenza * Pour connaître les choix de vaccins pour les adultes, voir la référence [1]. † L’administration du VVAI peut être envisagée chez les enfants atteints d’une infection stable par le VIH qui reçoivent un traitement antirétroviral hautement actif depuis au moins quatre mois, dont la numération des lymphocytes T CD4 est de 500/μL ou plus s’ils sont âgés de deux à cinq ans ou de 200/μL ou plus s’ils sont âgés de six à 17 ans et dont le taux d’ARN VIH plasmatique est inférieur à 10 000 copies/mL (numération des lymphocytes T CD4 et taux d’ARN VIH plasmatique mesurés dans les 100 jours précédant l’administration du VVAI)[1]. |
Pour en tirer le meilleur parti, il faut administrer le vaccin antigrippal dès sa mise en marché, avant le début de la saison grippale. On doit quand même l’offrir jusqu’à la fin de la saison en cours aux personnes qui ne l’ont pas encore reçu[1].
Une réaction anaphylactique à une dose précédente du vaccin antigrippal ou à l’un de ses composants (à l’exception des œufs) ou l’apparition du syndrome de Guillain-Barré dans les six semaines suivant l’administration du vaccin, si l’on n’en a pas déterminé d’autre cause, constituent des contre-indications à de nouvelles doses[1].
Des études ont démontré que le VII et le VVAI peuvent être administrés en toute sécurité aux personnes allergiques aux œufs, car cette allergie n’est pas une contre-indication à leur administration[1]. Le vaccin antigrippal doit toujours être administré dans un milieu où l’anaphylaxie peut être traitée[1].
Parce qu’il s’agit d’un vaccin vivant, le VVAI est contre-indiqué chez les personnes immunodéprimées, sauf les enfants atteints d’une infection stable par le VIH, chez qui il peut être envisagé. Il est également contre-indiqué chez les personnes ayant un asthme sévère (c’est-à-dire les sujets qui présentent actives, qui reçoivent une glucocorticothérapie par voie orale ou de fortes doses de glucocorticoïdes inhalés ou dont les sibilances ont nécessité une intervention médicale au cours des sept jours précédents), chez les femmes enceintes et chez les enfants et les adolescents de deux à 17 ans qui suivent un traitement continu contenant de l’acide acétylsalicylique, en raison de l’association entre le syndrome de Reye et la prise d’acide acétylsalicylique pendant une infection grippale[1].
Chez les personnes ayant une congestion nasale suffisante pour nuire à l’administration satisfaisante du VVAI, il faut reporter la vaccination jusqu’à la disparition de la congestion ou privilégier le VII[1].
Les personnes qui reçoivent le VVAI peuvent propager le virus du vaccin, mais comme celui-ci est adapté au froid, il n’est pas très pathogène. À titre de précaution, il est toutefois recommandé d’éviter les contacts avec les personnes gravement immunodéprimées (telles que les récents receveurs d’une greffe de cellules souches hématopoïétiques qui doivent encore demeurer en isolement) dans les deux semaines suivant l’administration du vaccin. Le VII est à privilégier chez les professionnels de la santé, les membres de la famille et les autres personnes qui seront en contact étroit avec elles[1].
Tous les vaccins antigrippaux saisonniers peuvent être administrés en tout temps avant ou, après d’autres vaccins ou le nirsévimab[4] ou le palivizumab[5], des anticorps monoclonaux contre le virus respiratoire syncytial, ou conjointement avec ces produits.
Il faut avoir mis un terme à un traitement antiviral actif contre la grippe 48 heures avant d’administrer le VVAI, car ce traitement inactive le virus du vaccin. Si le patient doit recevoir un agent antigrippal dans les deux semaines suivant l’administration du VVAI, une nouvelle dose du vaccin est à prévoir au moins 48 heures après l’arrêt du traitement, à moins de privilégier le VII[1].
La posologie du VII administré par voie intramusculaire est de 0,5 mL quel que soit l’âge, sauf pour le VII3-Adj pédiatrique, qui est de 0,25 mL. Celle du VVAI4 est de 0,2 mL (0,1 mL dans chaque narine, à l’aide d’un vaporisateur intranasal)[1].
Un enfant de moins de neuf ans qui se fait administrer le vaccin antigrippal (VII ou VVAI) pour la première fois doit en recevoir deux doses à au moins quatre semaines d’intervalle. S’il en a déjà reçu au moins une dose par le passé, il a besoin d’une seule dose pour la saison. Les enfants de neuf ans ou plus et les adultes n’ont besoin que d’une dose par année[1].
Membres : Michelle Barton MD (présidente); Eugène Ng MD (représentant du conseil), Laura Sauvé MD (présidente sortante), Sean Bitnum MD, Sergio Fanella MD, Justin Penner MD, Jeannette Comeau MD M. Sc.
Représentants : Dorothy L. Moore MD (Comité consultatif national de l’immunisation), Sean Bitnun MD (Groupe canadien de recherche pédiatrique et périnatale sur le VIH/sida chez les enfants), Isabelle Viel-Thériault MD (Comité consultatif de la médecine tropicale et de la médecine des voyages), Marina Salvadori MD (Agence de la santé publique du Canada), Sean O’Leary (comité des maladies infectieuses, American Academy of Pediatrics), Rupeena Purewal MD (Programme canadien de surveillance active de l’immunisation [IMPACT]), Cora Constantinescu (comité de pédiatrie, Association pour la microbiologie médicale et l’infectiologie Canada)
Auteure principale : Dorothy L. Moore MD
Avertissement : Les recommandations du présent document de principes ne constituent pas une démarche ou un mode de traitement exclusif. Des variations tenant compte de la situation du patient peuvent se révéler pertinentes. Les adresses Internet sont à jour au moment de la publication.