Passer au contenu
Un port d’attache pour les pédiatres. Une voix pour les enfants.
CPS

Les dons de lait humain pasteurisé et non pasteurisé

Affichage : le 10 décembre 2020


La Société canadienne de pédiatrie vous autorise à imprimer une copie unique de ce document tiré de notre site Web. Pour obtenir l'autorisation d'en réimprimer ou d'en reproduire des copies multiples, lisez notre politique sur les droits d'auteur, à l'adresse www.cps.ca/fr/policies-politiques/droits-auteur.

Auteur(s) principal(aux)

Catherine M. Pound, Sharon Unger, Becky Blair; Société canadienne de pédiatrie, Comité de nutrition et de gastroentérologie

Paediatr Child Health 2020 25(8):550. (Résumé).

Résumé

Il est universellement reconnu que le lait humain est la source de nutrition exclusive optimale pour les nouveau-nés de 0 à six mois et qu’il peut faire partie du régime du nourrisson en santé jusqu’à l’âge de deux ans et même après. Malgré les avancées dans le secteur des préparations lactées pour nourrisson, le lait humain apporte tout un éventail d’avantages, en partie grâce à sa matrice bioactive qu’aucune autre source d’alimentation ne peut reproduire. Lorsque la mère produit une quantité de lait insuffisante pour son nouveau-né vulnérable, du lait pasteurisé de donneuses devrait être rendu disponible pour compléter le lait maternel et être le premier choix proposé, suivi des préparations lactées commerciales. La quantité de lait de ce type est limitée au Canada, et sa distribution est priorisée auprès des nouveau-nés malades et hospitalisés. Le partage informel de lait humain consiste à donner et recevoir du lait humain exprimé sans passer par une banque de lait humain. Il comporte un risque de transmission de bactéries et de virus en plus d’être lié à des irrégularités et des incertitudes à l’égard du dépistage des donneuses. Les pédiatres et les autres dispensateurs de soins doivent connaître les risques du partage informel de lait humain et être en mesure de proposer des possibilités plus sécuritaires aux familles.

Mots-clés : Breast milk; Donor milk; Human milk; Milk sharing

Le don de lait humain pasteurisé et non pasteurisé

L’alimentation exclusive par du lait humain entre l’âge de 0 et six mois et la poursuite de ce type d’alimentation, accompagnée d’aliments complémentaires appropriés jusqu’à l’âge d’au moins deux ans, est le mode d’alimentation normal et inégalé chez le nourrisson [1]. Le lait humain est adapté à l’espèce et nettement supérieur à tous les autres modes d’alimentation du nouveau-né. Le contenu en matières grasses, en protéines et en glucides des préparations à base de lait de vache, de lait de chèvre ou de soja se rapproche de celui du lait humain, mais ces préparations ne reproduisent pas la complexité ni la fonctionnalité des facteurs bioactifs du lait humain. L’allaitement ou le lait humain exprimé contribuent à optimiser la croissance [2][3], la fonction immunitaire [4]-[6] et le développement neurologique [7], à un coût minime pour les familles. Les bienfaits sont visibles à court et à long terme, et les effets sont positifs tant pour la santé de l’enfant que de la mère [8][9].

Les nouveau-nés prématurés ou malades ne sont pas toujours en mesure de se nourrir directement au sein dès la naissance, mais avec un soutien approprié, ils peuvent commencer respectivement à le faire dès que leur développement le permet ou que leur état s’est stabilisé [10]. Lorsqu’il leur est impossible de se nourrir au sein, le premier choix consiste à leur donner du lait maternel exprimé [1]. Dans les situations où le lait maternel n’est pas recommandé, n’est pas disponible ou n’est pas produit en quantité suffisante malgré un soutien à la lactation, il est recommandé de le remplacer, de le compléter ou de transitionner par du lait pasteurisé de donneuses (LPD) provenant d’une banque de lait réglementée. Puisque la disponibilité du LPD est limitée, le partage informel de lait non pasteurisé de donneuses (LNPD) [11] est de plus en plus fréquent pour remplacer les substituts de lait humain (c’est-à-dire les préparations lactées pour nourrisson). Une famille peut faire reposer sa décision de recourir au LNPD sur les bienfaits connus du lait humain, peut-être sans vraiment connaître tous les risques associés à cette pratique. Le partage de lait humain est souvent facilité par des offres dans Internet et par des groupes communautaires. Santé Canada, la Société canadienne de pédiatrie et la Human Milk Banking Association of North America (HMBANA) déconseillent l’utilisation de LNPD.

Dans le présent document de principes, les auteurs analysent les bienfaits du lait humain pour les nouveau-nés prématurés, de même que ceux du LPD lorsque le lait maternel ne suffit pas. Ils examinent également le partage de LNPD et font des recommandations aux médecins qui conseillent les familles.

Le lait humain pour les nouveau-nés prématurés ou malades

Près de 400 000 enfants naissent au Canada chaque année, dont environ 8 % [12] sont prématurés. Le lait humain est particulièrement important pour les nouveau-nés prématurés, et il faut enrichir le lait maternel de ceux qui pèsent moins de 1 500 g pour s’assurer qu’ils absorbent assez de nutriments [13]. L’enrichissement du lait maternel est assuré par des suppléments de macronutriments, de vitamines et de minéraux.

Les études démontrent que les nouveau-nés qui reçoivent du lait humain à l’unité de soins intensifs néonatale auraient moins de graves infections [14]-[16] et d’entérocolite nécrosante [17] et séjourneraient moins longtemps dans ces unités [18]. L’alimentation par du lait humain est également liée à une amélioration des résultats neurodéveloppementaux qui est fonction de la dose [19].

Le lait humain pasteurisé

Couplé à un soutien proactif de la lactation, le LPD peut aider les mères à surmonter les difficultés de l’allaitement ou à transiter vers l’allaitement. Les dyades mère-nouveau-né sont souvent séparées au moment de l’admission à l’unité de soins intensifs néonatale, et la distance peut être élevée lorsque le nouveau-né est transporté dans un hôpital pour recevoir des soins spécialisés. Certaines mères ne sont pas en mesure de produire une quantité de lait suffisante pour nourrir leur nouveau-né en raison d’une maladie, du stress, d’une césarienne, de la prise de médicaments [20] ou du développement insuffisant de l’épithélium mammaire attribuable à un accouchement prématuré [21]. Le LPD peut alors servir de solution temporaire jusqu’à ce qu’elles puissent produire du lait. Il est démontré que le LPD, couplé au lait maternel, réduit l’incidence d’entérocolite nécrosante de manière significative [22][23]. Des études d’observation ont également relié le LPD à une meilleure tolérance à l’alimentation, à l’atteinte plus rapide d’une pleine alimentation et à une réduction de la durée d’hospitalisation [22]. À court terme, la prise de poids et la croissance linéaire des nouveau-nés prématurés qui reçoivent du LPD enrichi de nutriments peuvent être plus faibles que celles des nouveau-nés qui reçoivent des préparations lactées pour prématuré, mais leur croissance n’en souffre pas à long terme [23]. Par ailleurs, le recours au LPD ne décourage pas les mères à exprimer leur propre lait. Au contraire, les recherches démontrent que, dans les unités de soins intensifs néonatales qui offrent un soutien à l’allaitement et un LPD, le taux d’allaitement est plus élevé au congé que dans les unités qui n’offrent pas de LPD [24]-[26].

Les banques de lait humain au Canada

En août 2020, il y avait quatre banques de lait humain au Canada : la BC Women’s Provincial Milk Bank, la NorthernStar Mothers Milk Bank de l’Alberta, la Rogers Hixon Ontario Human Milk Bank et la Banque publique de lait maternel d’Héma-Québec. Toutes les banques publiques de lait humain canadiennes sont exploitées sous forme d’organismes à but non lucratif et respectent la réglementation de Santé Canada à l’égard des substances alimentaires [27]. Trois sont membres de la HMBANA [28], qui a établi les directives en matière de traitement du lait humain en Amérique du Nord [29]. Chaque banque de lait est dotée d’une liste de distribution prioritaire du LPD, d’abord aux nouveau-nés hospitalisés, puis aux nouveau-nés de la communauté lorsque la quantité le permet, et enfin en fonction des règles de chaque banque.

La disponibilité du LPD dépend de donneuses du public qui donnent du lait exprimé pour des raisons altruistes. Avant de faire leur premier don, toutes les donneuses potentielles doivent se soumettre à un rigoureux processus de dépistage qui inclut une entrevue, une approbation médicale et des tests sérologiques conformes aux pratiques de la Société canadienne du sang. Les femmes ne peuvent devenir donneuses que si elles sont séronégatives à l’hépatite B, à l’hépatite C, au virus de l’immunodéficience humaine (VIH), au virus T-lymphotrope humain (HTLV) et à la syphilis. Elles ne sont pas retenues si elles prennent des médicaments (sous réserve de certaines exceptions) ou consomment de l’alcool, du tabac, du cannabis ou des drogues illicites. Elles sont temporairement exclues lorsqu’elles sont malades ou prennent des médicaments en vente libre. De plus, elles reçoivent une formation sur l’hygiène des mains et les techniques de manipulation du lait humain. Pour faire un don à la banque de lait, elles peuvent exprimer leur lait une ou plusieurs fois (p. ex., les mères endeuillées) par jour. Le lait est congelé, entreposé et transporté à la banque. Dans toutes les banques de lait humain, sauf au Québec, la femme doit donner au moins 150 onces à 160 onces de lait dans les 18 mois suivant son accouchement. Il n’y a pas de don minimal au Québec.

Les macronutriments contenus dans le lait humain exprimé varient considérablement d’une donneuse à l’autre [30][31]. À la banque de lait, le lait des différentes donneuses est mis en lots pour en normaliser le contenu en nutriments. Il est traité par pasteurisation à l’aide de la méthode de Holder (à 62,5 °C pendant 30 minutes) dans un pasteurisateur industriel, puis mis en culture. Lorsque la culture est positive après la pasteurisation, il est rejeté. Le lait est recongelé en attendant les résultats définitifs de la culture. Lorsque la banque reçoit une ordonnance de LPD en provenance d’un hôpital, le lait est transporté congelé, décongelé à l’hôpital et administré au receveur, au besoin. Des dossiers détaillés sont maintenus pour s’assurer de retracer les donneuses et les receveurs et de rappeler le lait non consommé, au besoin.

D’après les directives de la HMBANA, pour que du LPD soit administré, un parent ou un tuteur doit d’abord avoir signé un formulaire de consentement éclairé. Le dispensateur de soins doit remettre une prescription écrite après les premiers boires et peut prescrire la poursuite de ce mode d’alimentation si des suppléments sont indiqués sur le plan médical et que le LPD est disponible.

Les effets de la pasteurisation sur le lait humain

Le processus de pasteurisation du lait humain désactive des contaminants bactériens et viraux comme le cytomégalovirus [32]-[34]. On sait que les espèces Bacillus sporulées survivent à la pasteurisation systématique par la méthode de Holder, mais qu’elles sont décelables dans les cultures de surveillance effectuées après la pasteurisation [35]. Comme on l’a souligné plus haut, les directives de la HMBANA exigent que les donneuses soient séronégatives à l’hépatite B, à l’hépatite C, au VIH et au HTLV, et ce, même si la pasteurisation peut désactiver la plupart des virus, y compris ceux de l’hépatite B et de l’hépatite C, le cytomégalovirus, le VIH et le SARS-CoV-2 [36][37].

De nombreux éléments nutritionnels du lait humain ne subissent qu’une altération ou un appauvrissement minime pendant la pasteurisation [38][39]. Un certain contenu protéique est dénaturé, mais les vitamines liposolubles demeurent relativement inchangées. En revanche, les vitamines hydrosolubles n’ont pas toutes été étudiées dans ce contexte, mais il est démontré que les folates et la vitamine C se dégradent pendant la pasteurisation [40]. Le processus thermique de la pasteurisation peut réduire considérablement le nombre de protéines bioactives contenues dans le lait humain [41]. La pasteurisation réduit les immunoglobulines A, qui lient les microbes dans le tube digestif, et la lactoferrine, qui lie le fer nécessaire pour la croissance de nombreuses bactéries, ce qui en supprime donc la croissance. L’activité de l’enzyme lysozyme, qui s’attaque aux parois des cellules bactériennes, diminue également [39].

Le rapport coût-efficacité

Il est difficile d’estimer les conséquences financières de la promotion de l’allaitement et du recours au LPD à l’unité de soins intensifs néonatale. Selon une étude canadienne récente, les coûts totaux liés à la supplémentation du lait maternel par du LPD pendant 90 jours ou jusqu’au congé de l’hôpital étaient équivalents à ceux associés à l’utilisation d’une préparation lactée pour prématuré [42]. Fait intéressant, les coûts après le congé étaient considérablement moins élevés dans le groupe prenant du LPD, ce que les auteurs de l’étude attribuaient à la perte de revenu plus élevée chez les proches des nouveau-nés du groupe qui prenaient une préparation lactée [42]. Les auteurs ont utilisé le prix des préparations lactées et des agents d’enrichissement payés par une unité néonatale participante d’un hôpital « Ami des bébés » pour saisir les coûts non liés au LPD. Les coûts de traitement du LPD sont modestes par rapport à ceux de la prise en charge d’un seul cas d’entérocolite nécrosante ou de syndrome de l’intestin court secondaire à l’entérocolite nécrosante.

Une plus grande sensibilisation communautaire aux pratiques et possibilités d’allaitement peut représenter un autre avantage collatéral du LPD et des banques de lait humain et entraîner une augmentation des taux d’allaitement et des bienfaits pour la santé de la population [43].

Le partage informel de lait humain non pasteurisé

En raison de sa quantité limitée, le LPD n’est pas facilement accessible aux nouveau-nés à terme et en santé qui n’ont pas accès au lait de leur mère. Le LPD est distribué en priorité aux nouveau-nés prématurés ou malades. Le partage informel de lait désigne l’échange de lait humain exprimé pour nourrir un nouveau-né, sans passer par une banque de lait humain [44]. Il peut avoir lieu dans la communauté (directement entre personnes) ou par Internet [45] et n’est pas assujetti à une réglementation ni à des contrôles de sécurité. Selon certaines données probantes, les familles se tournent de plus en plus vers le partage informel de lait (46), peut-être en partie parce que les banques de lait ne peuvent pas en fournir à la population générale [47]. De plus, dans les régions où le LPD est plus facile à obtenir, il peut coûter plus cher.

Le LNPD est relié à des problèmes de sécurité attestés, y compris l’absence de standardisation du dépistage des donneuses et des processus de contrôle de la qualité, de même que l’incapacité de contrôler les modes d’entreposage et de transport [48]. Les pédiatres et les autres dispensateurs de soins doivent connaître l’existence du partage informel de lait et être en mesure de conseiller les familles de manière appropriée. La Société canadienne de pédiatrie, Santé Canada, la Food and Drug Administration des États-Unis et la HMBANA découragent toutes cette pratique.

L’achat de LNPD est particulièrement préoccupant lorsqu’il se fait par Internet, sans discussion ni information sur l’histoire médicale de la donneuse. Il y a actuellement des rapports de cas publiés sur du LNPD contaminé acheté en ligne auprès de donneuses n’ayant fait l’objet d’aucun dépistage [49]-[51]. Le LNPD acheté par Internet aurait été exposé à une contamination bactérienne [52] (notamment la salmonelle et le streptocoque du groupe B), de même qu’à un risque de transmission virale du cytomégalovirus, de l’hépatite, du VIH et du HTLV [53]-[54]. Dans une étude américaine, 74 % des échantillons obtenus par Internet contenaient des taux bactériens qui échoueraient aux critères de la HMBANA (notamment des bactéries à Gram négatif, des staphylocoques, des coliformes et des streptocoques) [48], et 10 % des échantillons contenaient une concentration d’ADN bovin assez élevée pour laisser supposer qu’un produit de lait de vache y avait été ajouté [45]. Ces échantillons de lait obtenus par Internet avaient été achetés et non donnés, ce qui pourrait accroître le risque d’altération ou de contamination, de la même façon que lorsqu’on paie les donneurs de sang [55]. D’autres risques sont liés à une contamination possible par des médicaments sur ordonnance ou en vente libre et par des herbes actives sur le plan pharmacologique.

Au Canada, le risque de transmission du VIH par partage de LNPD est faible, mais il existe. En 2017, seulement 240 nouveau-nés étaient venus au monde d’une mère atteinte du VIH, et plus de 96 % d’entre elles suivaient un traitement antirétroviral [56]. Cependant, l’infection par le cytomégalovirus est fréquente chez les femmes canadiennes (il touche environ 55 % d’entre elles) [57], et ce virus peut être présent dans le LNPD. Il est rare que l’infection par le cytomégalovirus soit néfaste pour les nouveau-nés à terme et en santé, mais elle peut causer une maladie importante chez les nouveau-nés prématurés ou immunodéprimés [58].

D’autres considérations

Ce sont les nouveau-nés hospitalisés à risque qui tirent le plus de bienfaits des surplus de lait humain, et le LPD provenant d’une banque en est la source la plus sécuritaire. Les dispensateurs de soins peuvent transmettre cette information aux futures mères, à celles qui allaitent et à celles qui ont perdu leur nouveau-né, et encourager les donneuses admissibles à se soumettre à un dépistage avant de faire don de leur lait à une banque approuvée qui le traitera et le distribuera aux nouveau-nés qui en ont le plus besoin.

Tant que les nouveau-nés en santé n’auront pas pleinement accès au LPD provenant de banques de lait, il est fort probable que le partage de lait informel se poursuive [59]. Selon une étude américaine réalisée en 2014, 4 % des femmes partagent leur lait de manière informelle [47]. Les réseaux de partage en ligne qui relient les donneuses aux receveurs continuent de prendre de l’expansion, et des groupes sont actifs dans les médias sociaux de chaque province et territoire du Canada.

La Société canadienne de pédiatrie décourage le partage de lait informel en raison du danger potentiel qu’il représente, mais les pédiatres et autres dispensateurs de soins doivent être au courant de cette pratique et donner des conseils appropriés aux futurs et nouveaux parents. Ils doivent expliquer aux mères allaitantes les risques du partage informel de lait pour la santé, et préciser les précautions à respecter pour limiter ces risques. Si une famille décide d’opter pour le partage informel de lait, il est bon de leur conseiller ce qui suit :

  • Les parents qui se procurent du lait humain doivent s’assurer que les donneuses ont obtenu des tests négatifs à l’hépatite B et à l’hépatite C, au VIH, au HTLV et à la syphilis, et qu’elles ne sont pas à risque d’être exposés à ces virus par la suite.
  • Ils doivent également s’assurer que les donneuses envisagées ne consomment pas de drogues illégales, de cannabis, de produits du tabac, ni d’alcool [45].
  • Les donneuses doivent être en bonne santé. Elles ne doivent pas prendre régulièrement des médicaments ou des suppléments, y compris les suppléments à base de plantes.
  • Les donneuses doivent temporairement arrêter de donner leur lait si elles sont malades.
  • Les parents doivent être parfaitement informés des pratiques sécuritaires de manipulation et d’entreposage du lait humain. La technique de traitement thermique (flash heating) [45], qui désactive le VIH [60], pourrait faire partie des stratégies de réduction des méfaits utilisées par les parents qui se procurent du LNPD. Cependant, les parents doivent être informés que le lait humain ainsi traité risque de perdre certains éléments nutritifs.

Recommandations

Le lait maternel est la meilleure source de nutrition des nouveau-nés. Lorsqu’il n’est pas disponible ou que sa quantité est insuffisante, le lait pasteurisé de donneuses (LPD) représente le meilleur complément, remplacement ou « mode de transition » pour les nouveau-nés malades ou hospitalisés. La Société canadienne de pédiatrie ne cautionne pas le partage de lait humain non pasteurisé de donneuses (LNPD). Lorsqu’elles sont nécessaires, les préparations lactées pour nourrisson sont considérées comme le substitut de lait maternel le plus sécuritaire pour les nouveau-nés en bonne santé.

Les pédiatres et les autres dispensateurs de soins doivent adopter les mesures suivantes :

  • Encourager les mères à allaiter et à exprimer leur lait pour leur nourrisson, les soutenir dans cette démarche et, lorsque la situation le permet, les inciter à faire des dons de lait à une banque de lait humain.
  • Contribuer à optimiser le plan d’alimentation des patients pour qui il est nécessaire de compléter ou de remplacer le lait maternel. Le soutien inclut l’obtention du consentement au LPD lorsque la situation l’indique et des explications sur les raisons pour lesquelles le LPD est priorisé chez les nouveau-nés malades ou hospitalisés.
  • Demander aux parents s’ils envisagent d’utiliser du LNPD ou s’ils l’utilisent déjà, leur expliquer les risques associés à cette pratique, leur proposer des solutions plus sécuritaires et leur parler des stratégies de réduction des méfaits, selon le cas.
  • Prôner l’ajout de programmes de banque de lait humain au Canada, afin de favoriser l’accès au LPD.

Les banques de lait humain devraient participer à la promotion de l’allaitement et aux recherches sur le lait humain, y compris des essais aléatoires pour évaluer les bienfaits et les risques du LPD dans d’autres populations que celle des nouveau-nés prématurés en soins intensifs.

Remerciements

Les auteurs souhaitent remercier Debbie Stone, inf. IBCLC, qui travaille pour la Rogers Hixon Ontario Human Milk Bank, Debbie O’Connor, Ph. D., Dt.P., qui travaille pour le département des sciences nutritionnelles de l’Université de Toronto, et Tanis R. Fenton, Dt.P., MGSS, Ph. D, qui travaille pour le service des sciences de la santé communautaire de l’Alberta Children’s Hospital (Calgary). Leur aide dans le cadre des recherches et de la révision du présent document de principes a été inestimable. Le comité d’étude du fœtus et du nouveau-né et le comité de la pédiatrie communautaire de la Société canadienne de pédiatrie ont révisé le présent document de principes.


COMITÉ DE NUTRITION ET DE GASTROENTÉROLOGIE DE LA SOCIÉTÉ CANADIENNE DE PÉDIATRIE
Membres : Linda M. Casey MD, Eddy Lau MD (représentant du conseil), Catherine M. Pound MD (présidente), Ana M. Sant’Anna MD, Pushpa Sathya MD, Rilla Schneider MD (membre résidente), Christopher Tomlinson MB, ChB, Ph. D.
Représentants : Sanjukta Basak MD, Groupe canadien d’endocrinologie pédiatrique; Becky Blair M. Sc. Dt.P., Les diététistes du Canada; Subhadeep Chakrabarti Ph. D., Bureau des sciences de la nutrition, Santé Canada; Patricia D’Onghia MHP Dt.P., Santé Canada; Tanis R. Fenton Ph. D. Dt.P., Les diététistes du Canada; Laura Haiek, Comité canadien pour l’allaitement
Auteures principales : Catherine M. Pound MD, Sharon Unger MD, Becky Blair M. Sc. Dt.P.


Références

  1. La nutrition du nourrisson né à terme et en santé : Recommandations de la naissance à six mois. Énoncé conjoint de Santé Canada, Société canadienne de pédiatrie, Les diététistes du Canada et Comité canadien pour l’allaitement. www.canada.ca/fr/sante-canada/services/guide-alimentaire-canadien/ressources/nutrition-nourrisson/nutrition-nourrisson-terme-sante-recommandations-naissance-six-mois.html (consulté le 26 février 2020).
  2. O’Connor DL, Jacobs J, Hall R et coll. Growth and development of premature infants fed predominantly human milk, predominantly premature infant formula, or a combination of human milk and premature formula. J Pediatr Gastroenterol Nutr 2003;37(4):437-46.
  3. Organisation mondiale de la Santé. Normes de croissance de l’enfant. www.who.int/childgrowth/fr (consulté le 26 février 2020).
  4. Beaudry M, Dufour R, Marcoux S. Relation between infant feeding and infections during the first six months of life. J Pediatr 1995;126(2):191-7.
  5. Bhandari N, Bahl R, Mazumdar S et coll. Effect of community-based promotion of exclusive breastfeeding on diarrhoeal illness and growth: A cluster randomised controlled trial. Lancet 2003;361(9367):1418-23.
  6. Oddy WH, Sly PD, de Klerk NH et coll. Breast feeding and respiratory morbidity in infancy: A birth cohort study. Arch Dis Child 2003;88(3):224-8.
  7. Horta BL, Lovet de Mola C, Victora CG. Breastfeeding and intelligence: A systematic review and meta-analysis. Acta Pediatr 2015;104(467):14-9.
  8. Ip S, Chung M, Raman G et coll. Breastfeeding and maternal and infant health outcomes in developed countries. Evid Rep Technol Assess (Full Rep) 2007;153:1-186.
  9. Chowdhury R, Sinha B, Sankar MJ et coll. Breastfeeding and maternal health outcomes: A systematic review and meta-analysis. Acta Paediatr 2015;104(467):96-113.
  10. Nyqvist KH, Häggkvist AP, Hansen MN et coll. Expansion of the baby-friendly hospital initiative ten steps to successful breastfeeding into neonatal intensive care: Expert group recommendations. J Hum Lact 2013;29(3):300-9.
  11. Gribble KD. A ‘better alternative’: Why women use peer-to-peer shared milk. Breastfeed Rev 2014;22(1):11-21.
  12. Agence de la santé publique du Canada, Système canadien de surveillance périnatale (SCSP). Indicateurs de la santé périnatale au Canada 2017. www.canada.ca/fr/sante-publique/services/prevention-blessures/division-surveillance-sante-epidemiologie/sante-maternelle-infantile/indicateurs-sante-perinatale-2017.html (consulté le 26 février 2020).
  13. American Academy of Pediatrics, section sur l’allaitement. Breastfeeding and the use of human milk. Pediatrics 2012;129(3):e827-41.
  14. Hylander MA, Strobino DM, Dhanireddy R. Human milk feedings and infection among very low birth weight infants. Pediatrics 1998;102(3):E38.
  15. El-Mohandes AE, Picard MB, Simmens SJ, Keiser JF. Use of human milk in the intensive care nursery decreases the incidence of nosocomial sepsis. J Perinatol 1997;17(2):130-4.
  16. Narayanan I, Prakash K, Bala S, Verma RK, Gujral VV. Partial supplementation with expressed breast-milk for prevention of infection in low-birth-weight infants. Lancet 1980;2(8194):561-3.
  17. Lucas A, Cole TJ. Breast milk and neonatal necrotising enterocolitis. Lancet 1990;336(8730):1519-23.
  18. Schanler RJ, Shulman RJ, Lau C. Feeding strategies for premature infants: Beneficial outcomes of feeding fortified human milk versus preterm formula. Pediatrics 1999;103(6 Pt 1):1150-7.
  19. Lucas A, Morley R, Cole TJ, Lister G, Leeson-Payne C. Breast milk and subsequent intelligence quotient in children born preterm. Lancet 1992;339(8788):261-4.
  20. Henderson JJ, Hartmann PE, Newnham JP, Simmer K. Effect of preterm birth and antenatal corticosteroid treatment on lactogenesis II in women. Pediatrics 2008;121(1):e92-100.
  21. Geddes D, Hartmann P, Jones E. Preterm birth: Strategies for establishing adequate milk production and successful lactation. Semin Fetal Neonatal Med 2013;18(3):155-9
  22. Assad M, Elliott MJ, Abraham JH. Decreased cost and improved feeding tolerance in VLBW infants fed an exclusive human milk diet. J Perinatol 2016;36(3):216-20.
  23. Quigley M, Embleton ND, McGuire W. Formula versus donor breast milk for feeding preterm or low birth weight infants. Cochrane Database Syst Rev 2019:CD002971.
  24. Parker MG, Burnham L, Mao W, Philipp BL, Merewood A. Implementation of a donor milk program is associated with greater consumption of mothers’ own milk among VLBW infants in a US, level 3 NICU. J Hum Lact 2016;32(2):221-8.
  25. Williams T, Nair H, Simpson J, Embleton N. Use of donor human milk and maternal breastfeeding rates: A systematic review. J Hum Lact 2016;32(2):212-20.
  26. Arslanoglu S, Moro GE, Bellù R et coll. Presence of human milk bank is associated with elevated rate of exclusive breastfeeding in VLBW infants. J Perinat Med 2013;41(2):129-31.
  27. Gouvernement du Canada. Santé Canada. Innocuité du lait maternel de donneuses au Canada. www.canada.ca/fr/sante-canada/services/guide-alimentaire-canadien/ressources/nutrition-nourrisson/innocuite-lait-maternel-donneuses-canada.html (consulté le 26 février 2020).
  28. Human Milk Banking Association of North America. www.hmbana.org (consulté le 26 février 2020).
  29. Human Milk Banking Association of North America. Guidelines for the Establishment and Operation of a Donor Human Milk Bank. Raleigh, NC: MMBANA, 2018. www.hmbana.org/our-work/publications.html (consulté le 20 juillet 2020).
  30. Cooper AR, Barnett D, Gentles E, Cairns L, Simpson JH. Macronutrient content of donor human breast milk. Arch Dis Child Fetal Neonatal Ed 2013;98(6):F539-41.
  31. John A, Sun R, Maillard L, Schaefer A, Hamilton Spence E, Perrin MT. Macronutrient variability in human milk from donors to a milk bank: Implications for feeding preterm infants. PLoS One 2019;14(1):e01210610.
  32. Friis H, Andersen HK. Rate of inactivation of cytomegalovirus in raw banked milk during storage at –20 degrees C and pasteurisation. Br Med J (Clin Res Ed) 1982;285(6355):1604-5.
  33. Yamato K, Taguchi H, Yoshimoto S et coll. Inactivation of lymphocyte-transforming activity of human T-cell leukemia virus type I by heat. Jpn J Cancer Res 1986;77(1):13-5.
  34. Orloff SL, Wallingford JC, McDougal JS. Inactivation of human immunodeficiency virus type I in human milk: Effects of intrinsic factors in human milk and of pasteurization. J Hum Lact 1993;9(1):13-7.
  35. Crielly EM, Logan NA, Anderton A. Studies on the Bacillus flora of milk and milk products. J Appl Bacteriol 1994;77(3):256-63.
  36. Pitnio MA, O’Conoor DL, McGeer AJ, Unger S. The impact of thermal pasteurization on viral load and detectable live viruses in human milk and other matrices: A rapid review. Appl Physiol Nutr Metabl 2020; publication en ligne avant l’impression. DOI:10.1139/apnm-2020-0388.
  37. Unger S, Christie-Homes N, Guvenb F et coll. Holder pasteurization of donated human milk is effective in inactivating SARS-CoV-2. CMAJ 2020;192(31):E871-E874.
  38. Tully DB, Jones F, Tully MR. Donor milk: What’s in it and what’s not. J Hum Lact 2001;17(2):152-5.
  39. O’Connor DL, Ewaschuk JB, Unger S. Human milk pasteurization: Benefits and risks. Curr Opin Clin Nutr Metab Care 2015;18(3):269-75.
  40. Pitino MA, Unger S, Doyen A et coll. High hydrostatic pressure processing better preserves the nutrient and bioactive compound composition of human donor milk. J Nutr 2019;149(3):497-504.
  41. Czank C, Prime DK, Hartmann B, Simmer K, Hartmann PE. Retention of the immunological proteins of pasteurized human milk in relation to pasteurizer design and practice. Pediatr Res 2009;66(4):374-9.
  42. Trang S, Zupancic JAF, Unger S et coll. Cost-effectiveness of supplemental donor milk versus formula for very-low-birth-weight infants. Pediatrics 2018;141(3):pii.e20170737.
  43. Merjaneh N, Williams P, Inman S et coll. The impact on the exclusive breastfeeding rate at 6 months of life of introducing supplementary donor milk into the level 1 newborn nursery. J Perinatol 2020;40(7):1109-14.
  44. Palmquist AEL, Doehler K. Human milk sharing practices in the U.S. Matern Child Nutr 2016;12(2):278-90.
  45. Sriraman NK, Evans AE, Lawrence R, Noble L; conseil d’administration de l’Academy of Breastfeeding Medicine. Academy of Breastfeeding Medicine’s 2017 position statement on informal breast milk sharing for the term healthy infant. Breastfeed Med 2018;13(1):2-4.
  46. Keim SA, McNamara KA, Dillon CE et coll. Breastmilk sharing: Awareness and participation among women in the Moms2Moms Study. Breastfeed Med 2014;9(8):398–406.
  47. Keim SA, Kulkarni MM, McNamara K et coll. Cow’s milk contamination of human milk purchased via the Internet. Pediatrics 2015;135(5):e1157-62.
  48. American Academy of Pediatrics, comité de nutrition, section de l’allaitement, comité d’étude du fœtus et du nouveau-né. Donor human milk for the high risk infant: Preparation, safety and usage options in the United States. Pediatrics 2017;139(1):pii:e20163440.
  49. Godambe S, Shah PS, Shah V. Breast milk as a source of late onset neonatal sepsis. Pediatr Infect Dis J 2005;24(4):381–2.
  50. Behari P, Englund J, Alcasid G, Garcia-Houchins S, Weber SG. Transmission of methicillin-resistant Staphylococcus aureus to preterm infants through breast milk. Infect Control Hosp Epidemiol 2004;25(9):778–80.
  51. Qutaishat SS, Stemper ME, Spencer SK et coll. Transmission of Salmonella enterica serotype typhimurium DT104 to infants through mother’s breast milk. Pediatrics 2003;111(6 Pt 1):1442–6
  52. Keim SA, Hogan JS, McNamara KA et coll. Microbial contamination of human milk purchased via the Internet. Pediatrics 2013;132(5):e1227-35.
  53. Lindemann PC, Foshaugen I, Lindemann R. Characteristics of breast milk and serology of women donating breast milk to a milk bank. Arch Dis Child Fetal Neonatal Ed 2004;89(5):F440–1.
  54. Gribble KD, Hausman BL. Milk sharing and formula feeding: Infant feeding risks in comparative perspective? Australas Med J 2012;5(5):275-83.
  55. van der Poel CL, Seifried E, Schaasberg WP. Paying for blood donations: Still a risk? Vox Sang 2002;83(4):285–93.
  56. Haddad N, Li JS, Totten S, McGuire M. Le VIH au Canada : Rapport de surveillance, 2017. Relevé des maladies transmissibles au Canada 2018;44(12):267-76.
  57. Vaudry W, Rosychuk RJ, Lee BE, Cheung PY, Pang X, Preiksaitis JK. Congenital cytomegalovirus infection in high-risk Canadian infants: Report of a pilot screening study. Can J Infect Dis Med Microbiol 2010;21(1):e12-9.
  58. Schleiss MR. Role of breast milk in acquisition of cytomegalovirus infection: Recent advances. Curr Opin Pediatr 2006;18(1):48-52.
  59. Perrin MT, Goodell S, Allen JC, Fogleman A. A mixed-methods observational study of human milk sharing communities on Facebook. Breastfeed Med 2014;9 (3):128-34.
  60. Israel-Ballard K, Donovan R, Chantry C et coll. Flash-heat inactivation of HIV-1 in human milk: a potential method to reduce postnatal transmission in developing countries. J Acquir Immune Defic Syndr 2007;45(3):318-23.

Avertissement : Les recommandations du présent document de principes ne constituent pas une démarche ou un mode de traitement exclusif. Des variations tenant compte de la situation du patient peuvent se révéler pertinentes. Les adresses Internet sont à jour au moment de la publication.

Mise à jour : le 8 février 2024