Point de pratique
Affichage : le 3 avril 2020 | Mise à jour : le 8 septembre 2020
Elissa Abrams, Geert ‘t Jong, Connie Yang, Société canadienne de pédiatrie, Section des allergies, Comité de la pharmacologie, Section de la santé respiratoire
Puisque la COVID-19 est une infection à dominante respiratoire, ses effets sur les enfants et les adolescents asthmatiques soulèvent des inquiétudes. Jusqu’à présent, aucune donnée probante n’indique que les jeunes atteints d’asthme courent un risque accru de COVID-19 [1][2]. En théorie, un enfant ou un adolescent asthmatique atteint de la COVID-19 pourrait toutefois souffrir d’une exacerbation de son asthme et d’une grave morbidité à cause des effets combinés de ces deux affections sur ses voies respiratoires [3]–[5].
Au Canada, les enfants asthmatiques doivent continuer de prendre leur médication contre l’asthme. De nombreuses organisations internationales, telles que les Centers for Disease Control and Prevention et la Global Initiative for Asthma, et les directives nord-américaines consensuelles sur les soins des allergies pendant la COVID-19 appuient cette recommandation [3][5][6]. La récapitulation de la bonne technique d’inhalation, l’évitement des déclencheurs connus de l’asthme, le lavage fréquent des mains et la distanciation physique font partie des autres mesures de précaution [3]. Aucune donnée n’indique que le port du masque ou du couvre-visage entraîne une exacerbation de l’asthme [7].
L’utilisation de corticostéroïdes par voie orale chez les personnes atteintes de la COVID-19 éveille également des inquiétudes, en raison du risque accru de réplication virale [8]. Il faut soupeser ces inquiétudes par rapport au consensus général selon lequel les exacerbations de l’asthme doivent faire l’objet d’un traitement énergique conforme aux pratiques exemplaires à jour [6]. Dans ses directives sur la pandémie de COVID-19, la Global Initiative for Asthma recommande d’utiliser les stéroïdes par voie orale lorsque la situation l’indique et de respecter le plan d’action pour l’asthme de l’enfant [6][9].
Il y a déjà des pénuries de médicaments au Canada, y compris de médicaments contre l’asthme. En cas de pénurie de médicaments de contrôle comme les corticostéroïdes inhalés, la Société canadienne de thoracologie propose un tableau de doses comparatives de corticostéroïdes inhalés auquel se reporter s’il faut remplacer un corticostéroïde par un autre [10]. S’il y a pénurie de salbumatol en aérosol-doseur, il est conseillé de le remplacer par un autre bêta-agoniste à courte durée d’action, comme le salbutamol en disque ou la terbutaline en Turbuhaler. Puisqu’il s’agit de deux inhalateurs de poudre sèche, les enfants doivent posséder une force inspiratoire suffisante pour leur permettre d’utiliser le dispositif correctement, ce qui correspond davantage aux enfants d’au moins six à huit ans.
Pour optimiser le dépôt et la portabilité du médicament, l’aérosol-doseur muni d’une chambre de retenue ou un inhalateur de poudre sèche (Turbuhaler ou disque) est préférable au nébuliseur. Les praticiens doivent savoir que la nébulisation est une intervention médicale générant des aérosols et qu’elle peut donc accroître le risque de transmission de la COVID-19 [11][12]. On ne doit envisager le salbutamol en nébulisation que s’il n’existe aucun autre choix [11] et que le respect de tous les protocoles appropriés de contrôle des infections est garanti. Dans sa mise à jour, la Global Initiative for Asthma de 2019 propose le formotérol associé à un corticostéroïde inhalé comme traitement d’entretien et de secours pour les adolescents de 12 ans et plus [13][14].
En résumé, les enfants et les adolescents asthmatiques doivent continuer de prendre leurs médicaments de contrôle. Les exacerbations de l’asthme doivent être traitées de manière énergique, y compris la prise de corticostéroïdes par voie orale lorsque la situation l’indique. Dans la mesure du possible, la nébulisation est à éviter en raison du risque de transmission. En tout temps, il est important de surveiller de près les pénuries de médicaments [13][14].
L’information sur la COVID-19 sera révisée et mise à jour dans les documents de la Société canadienne de pédiatrie conjointement avec l’évolution de la pandémie et des publications scientifiques s’y rapportant.
Elissa Abrams, Geert ‘t Jong, Connie Yang, Section des allergies, Comité de pharmacologie et des substances dangereuses, Section de la santé respiratoire, Société canadienne de pédiatrie
Avertissement : Les recommandations du présent document de principes ne constituent pas une démarche ou un mode de traitement exclusif. Des variations tenant compte de la situation du patient peuvent se révéler pertinentes. Les adresses Internet sont à jour au moment de la publication.
Mise à jour : le 8 septembre 2020