Document de principes
Affichage : le 5 novembre 2021
Ari Bitnun; Société canadienne de pédiatrie, comité des maladies infectieuses et d’immunisation, Comité des maladies infectieuses et d’immunisation
Paediatr Child Health 2021(7): 441 (Résumé)
L’infection par le virus de l’hépatite C touche de 0,5 % à 1,0 % de la population canadienne. La plupart des infections pédiatriques découlent d’une transmission verticale ou, chez les adolescents et les jeunes adultes, de comportements à haut risque comme l’utilisation de drogues injectables et les activités sexuelles non protégées. Il est désormais recommandé que tous les nourrissons, les enfants et les adolescents qui présentent au moins un facteur de risque soient soumis au dépistage de l’infection par le virus de l’hépatite C. Il est démontré que le traitement de la forme chronique de cette infection au moyen d’antiviraux à action directe provoque une suppression virologique soutenue chez 97 % à 100 % des enfants dès l’âge de trois ans. Les pédiatres et les médecins de famille ont un rôle important à jouer pour informer les adolescents des risques et des modes de prévention de l’infection par le virus de l’hépatite C, ainsi que pour revendiquer, auprès du gouvernement et des autorités sanitaires, l’adoption de stratégies d’intervention globales de réduction des méfaits ciblant les jeunes à risque, des traitements accessibles et le dépistage prénatal systématique de ce virus.
Mots-clés : antiviraux à action directe, enfants, transmission verticale, virus de l’hépatite C
En pédiatrie, l’introduction des antiviraux à action directe ciblant le virus de l’hépatite C (VHC) constitue un changement de paradigme dans la prise en charge de l’infection chronique par le VHC chez les enfants [1][2]. En raison de la grande efficacité de ce traitement, la motivation de dépister les enfants et les adolescents infectés s’est accrue [1]-[3]. L’American Association for the Study of Liver Diseases (AASLD), l’Infectious Diseases Society of America (IDSA), les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis et la Society for Maternal-Fetal Medicine recommandent désormais de soumettre les femmes au dépistage de l’infection par le VHC à chaque grossesse [4][5]. La Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC) n’a pas encore officiellement adopté cette recommandation [6], mais on anticipe que le dépistage du VHC pendant la grossesse deviendra systématique au Canada dans un avenir rapproché.
Le présent document de principes contient des conseils sur la prise en charge des nouveau-nés des mères atteintes d’une infection chronique par le VHC ainsi que des enfants plus âgés et des adolescents vulnérables à l’infection par le VHC.
La prévalence mondiale de l’infection par le VHC a récemment été évaluée à 1 % (IC à 95 %, 0,8 à 1,1) à partir d’une analyse bibliographique approfondie de données provenant de divers pays, les taux les plus élevés (2,9 % ou plus) provenant de l’Égypte, du Gabon, de la Mongolie, du Pakistan, de la Russie et de l’Ouzbékistan [7]. L’évaluation pour le Canada s’élevait à 0,6 % (IC à 95 %, 0,4 à 0,7), mais selon une étude de modélisation canadienne tenant compte des populations vulnérables, la séroprévalence s’établirait plutôt à 0,96 % (IC à 95 %, 0,61 à 1,34) [8].
Les facteurs de risque de l’infection par le VHC chez les enfants et les adolescents du Canada sont énoncés dans l’encadré 1 [9]. L’utilisation de drogues injectables est le principal facteur de risque, associé au moins aux deux tiers des nouvelles infections [3][10]-[13]. Dans une étude longitudinale de jeunes de la rue de Vancouver, 10,9 % de ceux qui étaient séronégatifs au départ s’étaient séroconvertis après un suivi moyen de 18,5 mois, l’utilisation de drogues injectables et le partage de seringues étant des prédicteurs indépendants de l’infection [14]. La forte prévalence de VHC chez les femmes en milieu carcéral (environ 25 % [9]), qui découle en partie de la criminalisation des utilisateurs de drogues injectables [5], est une préoccupation de santé majeure à la fois pour ces femmes et pour les enfants qu’elles pourraient porter un jour. La réglementation gouvernementale au sujet des salons de tatouage et de perçage a réduit le risque d’infection par le VHC dans de tels contextes, mais les pratiques sous-optimales de prévention des infections dans les milieux non réglementés ou non professionnels continuent de poser des risques [9][10][16]. Par ailleurs, le risque de contracter une infection par le VHC à cause de produits sanguins ou d’équipement médical contaminé est faible au Canada [17]. Les contacts sexuels et les contacts familiaux informels jouent un rôle comparativement mineur dans la transmission du VHC [2][9].
D’après une analyse systématique récente, le taux de transmission verticale (TV) est de 5,8 % (IC à 95 %, 4,2 à 7,8) chez les mères infectées par le VHC, mais pas par le virus de l’immunodéficience humaine de type 1 (VIH-1), et de 10,8 % (IC à 95 %, 7,6 à 15,2) en présence d’une co-infection par le VIH-1 dont le contrôle est sous-optimal [18][19]. D’autres facteurs sont corrélés avec un risque accru de TV : des titres viraux élevés du VHC chez la mère, des taux élevés d’alanine aminotransférase (ALT) dans l’année précédant la grossesse, l’utilisation de drogues injectables par la mère, le monitorage fœtal interne, la rupture prolongée des membranes, le sexe féminin du nouveau-né et le fait d’être le deuxième jumeau [6][20]-[24]. Le génotype du VHC ne semble pas influer sur le risque de TV [20][22].
De 20 % à 30 % des nouveau-nés atteints d’une infection verticale élimineront cette infection, généralement avant l’âge de deux à trois ans, et la récurrence de la virémie est rare [25]-[28]. Les facteurs associés à une clairance spontanée incluent des taux élevés d’ALT jusqu’à l’âge de deux ans, l’infection par le génotype 3 et la présence d’un polymorphisme nucléotidique simple dans le gène de l’interleukine 28B rs12979860 [29]. Environ les deux tiers des enfants dont la clairance n’est pas spontanée présentent une infection asymptomatique caractérisée par une virémie intermittente, des taux d’ALT normaux et l’absence d’hépatomégalie [25]. Le dernier tiers est atteint d’une infection chronique active par le VHC associée à une virémie active, des taux d’ALT élevés et une hépatomégalie dans certains cas [25].
L’infection aiguë par le VHC est presque toujours subclinique chez les enfants et les adolescents [28]. Une hépatite active grave se produit dans 1 % à 6 % des cas, et une maladie hépatique décompensée, dans 0,5 % à 1,8 % des cas [30][31]. Les facteurs associés à une évolution vers la cirrhose comprennent le génotype 1a, la co-infection par le VIH-1 ou le virus de l’hépatite B (VHB) et la stéatose à la biopsie hépatique. Le carcinome hépatocellulaire, qui est rare, se déclare presque exclusivement chez les personnes atteintes de cirrhose. Des manifestations extrahépatiques, y compris une glomérulonéphrite membrano-proliférative, une hypothyroïdie subclinique, une thyroïdite auto-immune et des anticorps antinucléaires élevés sont décrits chez les enfants, mais beaucoup moins que chez les adultes.
L’AASLD et l’IDSA recommandent de traiter les femmes en âge de procréer qui sont atteintes d’une infection chronique par le VHC avant qu’elles deviennent enceintes, à la fois pour leur propre santé et parce que cette approche éliminerait le risque de TV [4]. À l’heure actuelle, les données sont insuffisantes pour recommander un traitement pendant la grossesse.
Une analyse systématique récente n’a fait état d’aucune différence du risque de TV entre l’accouchement vaginal et la césarienne planifiée ou urgente dans dix études observationnelles sur 11 [32]. D’après ces données probantes, la césarienne n’est pas recommandée seulement à cause d’une infection par le VHC [6]. Il faut éviter les interventions liées à l’accouchement qui peuvent être modifiées et qui favorisent le mélange de sang fœtal et maternel, comme l’utilisation d’électrodes sur le cuir chevelu du fœtus ou l’épisiotomie [21][23]. L’amniocentèse n’est pas associée à un risque de TV sensiblement plus élevé, mais puisque les données sont limitées, les femmes devraient être informées de cette possibilité [33].
Selon les données actuelles, l’allaitement est sécuritaire en cas de VHC. Le risque de transmission par le lait maternel n’était pas plus élevé dans les 14 études de cohorte d’une récente analyse systématique [32]. L’inactivation rapide du VHC par l’acide gastrique est une explication possible de la rareté ou de l’absence de la transmission par le lait maternel [23]. Ainsi, il faut généralement encourager l’allaitement en cas de VHC, à moins que les mamelons de la mère soient craquelés ou endommagés ou qu’ils saignent, ou que celle-ci soit co-infectée par le VIH [6].
Il faut personnaliser la stratégie des tests diagnostiques du VHC chez les nourrissons nés de mères atteintes d’une infection par le VHC (tableau 1). Les anticorps anti-VHC chez les nourrissons peuvent être indicateurs du transfert placentaire des immunoglobulines G anti-VHC plutôt que d’une infection. En général, lorsque le suivi est assuré, la stratégie favorisée consiste à effectuer une sérologie à l’âge de 12 à 18 mois. Plus de la moitié des nourrissons exposés qui ne sont pas infectés seront séronégatifs à l’âge de six mois, et 95 % le seront à l’âge de 12 mois [34]. Les nourrissons ayant une sérologie réactive entre l’âge de 12 à 18 mois doivent être soumis à une amplification en chaîne par polymérase (PCR) pour déceler le VHC (PCR VHC).
S’il n’est pas possible de garantir le suivi entre l’âge de 12 à 18 mois chez les nourrissons de mères utilisatrices de drogues injectables ou touchées par d’autres déterminants sociaux de la santé indésirables, par exemple, une PCR VHC est indiquée rapidement. Par ailleurs, en cas d’anxiété parentale importante relativement à la transmission du VHC, il peut également être raisonnable de procéder à une PCR VHC chez les jeunes nourrissons. Dans de telles situations, ce test doit être effectué à compter de l’âge de deux mois, parce que le dosage est peu sensible avant cet âge [34]. En général, un résultat négatif de la PCR après l’âge de deux mois indique qu’il n’y a pas eu de TV, mais il faut tout de même effectuer une sérologie entre l’âge de 12 à 18 mois pour confirmer la clairance des anticorps [35]. Tout enfant dont la PCR VHC est positive doit être orienté vers un infectiologue ou un gastro-entérologue pédiatrique spécialisé dans la prise en charge du VHC pour déterminer si l’infection est chronique.
Tableau 1. L’interprétation des résultats des tests du VHC chez les nourrissons et les enfants nés de mères atteintes d’une infection par le VHC | |||
Âge | Anticorps anti-VHC* | ARN du VHC | Interprétation |
< 2 mois | Réactif | Non décelé | Trop tôt pour interpréter le résultat, parce que le nourrisson n’est peut-être pas encore virémique s’il a été infecté pendant la période périnatale |
≥ 2 mois | Réactif | Décelé | Présence d’infection par le VHC; de 20 % à 30 % des nourrissons l’auront éliminée à l’âge de deux à trois ans† |
2 à 17 mois | Réactif | Non décelé | Puisque la sensibilité de la PCR pour la détection de l’ARN du VHC peut être inférieure à 100 %, il faut vérifier de nouveau la présence d’anticorps à compter de l’âge de 18 mois. Si on en détecte encore, il faut reprendre la PCR pour l’ARN du VHC afin de s’assurer de la clairance du virus. |
≥ 6 mois | Non réactif | § | Pas d’infection par le VHC |
≥ 18 mois | Réactif | Non décelé | Clairance spontanée de l’infection par le VHC ou possibilité d’infection occulte par le VHCǂ |
* Dans bien des régions sociosanitaires, un algorithme de dosage sérologique en deux étapes est utilisé conformément aux recommandations de l’AASLD [35]. Pour l’interpréter, voir le tableau 2. † Il faut vérifier la présence d’ARN du VHC tous les six mois. Lorsque le VHC est dépisté de manière persistante pendant au moins six mois, une infection chronique est probable. ǂ L’infection occulte par le VHC est définie par la détection du virus dans les cellules mononucléaires du sang périphérique ou dans les hépatocytes, malgré une PCR VHC négative dans le sérum. Les explorations systématiques de l’infection occulte par le VHC ne sont actuellement pas recommandées chez les enfants, car les données sur leur signification clinique sont limitées. § Les enfants séronégatifs à six mois ou plus n’ont pas besoin d’être soumis au test d’ARN du VHC. AASLD American Association for the Study of Liver Diseases; ARN acide ribonucléique; PCR amplification en chaîne par polymérase; VHC virus de l’hépatite C |
Le Modèle directeur pour guider les efforts d’élimination de l’hépatite C au Canada, publié par le Réseau canadien sur l’hépatite C (CanHepC) en 2019, fournit une structure globale pour éliminer le VHC au Canada [3]. L’accent est mis sur la nécessité d’investir des efforts particuliers pour cibler les populations vulnérables et marginalisées (les utilisateurs de drogues injectables, les peuples autochtones, les personnes qui vivent ou ont vécu en milieu carcéral, les immigrants et les nouveaux arrivants au Canada, les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes) (encadré 1). Le document souligne également l’importance d’évaluer le rapport coût-efficacité et l’acceptabilité du dépistage prénatal systématique du VHC au Canada. Selon des données probantes des États-Unis et de la France, le dépistage systématique est efficient pendant la grossesse [36][37] et la disponibilité de traitements hautement efficaces au Canada plaide en faveur du dépistage systématique pendant la grossesse, afin d’optimiser à la fois la santé de la mère et celle du nourrisson [38].
Les jeunes de la rue, notamment ceux qui s’injectent des drogues, forment le plus grand nombre de cas d’infections horizontales par le VHC au Canada et représentent une population prioritaire en matière d’initiatives de prévention et de réduction des méfaits [14][39], y compris les programmes d’échange d’aiguilles et de seringues, les services d’injection supervisée, le traitement par agonistes opioïdes et le traitement préventif [3][40][41]. Pour lutter contre l’itinérance et les autres déterminants de la santé indésirables, une éducation en santé et des services exempts de stigmatisation, adaptés à la culture et offerts en milieu communautaire, font partie des soins essentiels [3].
L’Agence de la santé publique du Canada recommande une démarche de dépistage du VHC fondée sur les risques (encadré 1) [2]. Puisque la plupart des infections par le VHC sont subcliniques, il est recommandé de procéder au dépistage systématique de tous les nourrissons, les enfants et les adolescents qui présentent au moins un facteur de risque, quels que soient leurs symptômes.
La stratégie habituelle en matière de dépistage et diagnostic du VHC consiste à dépister les anticorps anti-VHC dans le sérum, puis à effectuer une PCR VHC dans le sang des personnes positives aux anticorps [3]. Dans les situations où le suivi n’est pas assuré, telles que chez les jeunes de la rue, il faut envisager le « test réflexe », c’est-à-dire qu’une PCR VHC est effectuée sur-le-champ chez les personnes positives aux anticorps, au moyen du même échantillon de sang ou d’un deuxième échantillon obtenu à partir du prélèvement initial [3]. Une stratégie émergente qui pourrait favoriser l’adoption de ces tests consiste à désigner un vaste éventail de praticiens non médicaux, y compris des pairs intervenants, pour les offrir à divers points de service [3]. Voir le tableau 2 pour interpréter les résultats des tests. Chez les personnes qui présentent un risque continu et qui ont éliminé spontanément l’infection ou qui ont été guéries grâce à un traitement, une PCR périodique s’impose. Un intervalle de six à 12 mois entre les tests est proposé dans ce groupe [3].
Tableau 2. L’interprétation des résultats des tests du VHC chez les enfants et les adolescents | |||
Test de dépistage des anticorps* | Reprise du test* | ARN du VHC | Interprétation |
Non réactif | – | – | Pas d’infection par le VHC |
Réactif ou indéterminé | Non réactif ou indéterminé | Non détecté | Résultats non concluants à cause d’un test de dépistage faussement positif ou d’une infection très récente. Une sérologie de suivi devrait être effectuée au moins six à huit semaines après le résultat initial† |
Réactif ou indéterminé | Non réactif ou indéterminé | Détecté | Présence d’une infection par le VHC |
Réactif | Réactif | Non détecté | Élimination spontanée de l’infection, infection traitée et guérie ou infection occulte par le VHCǂ |
Réactif | Réactif | Détecté | Présence d’une infection par le VHC |
* Dans bien des régions sociosanitaires, un algorithme de dosage sérologique en deux étapes est utilisé conformément aux recommandations de l’AASLD [35]. Un dépistage négatif est interprété comme un résultat négatif. Le test est repris lorsque le dépistage est réactif ou indéterminé. † Si le test de suivi n’est pas concluant, il faut en discuter en infectiologie ou en microbiologie. ǂ L’infection occulte par le VHC est définie par la détection du virus dans les cellules mononucléaires du sang périphérique ou dans les hépatocytes, malgré une PCR VHC négative dans le sérum. Les explorations systématiques de l’infection occulte par le VHC ne sont pas recommandées chez les enfants et les adolescents en raison des données limitées sur leur signification clinique. AASLD American Association for the Study of Liver Diseases; ARN acide ribonucléique; PCR VHC amplification en chaîne par polymérase pour déceler le VHC; VHC virus de l’hépatite C |
L’infection par le VHC ne peut pas être transmise pendant les activités de la vie quotidienne. Il faut rassurer les parents et les proches en leur expliquant qu’il n’y a pas de risque connu de transmission par la salive, l’urine ou les fèces et qu’il n’y a pas de précautions particulières à prendre à la maison. Il ne faut pas limiter la fréquentation d’un milieu de garde et la participation à des jeux et des activités sportives, et les parents ne sont pas tenus d’aviser le personnel du milieu de garde ou la direction de l’école de l’infection de leur enfant par le VHC.
Les enfants et les adolescents atteints d’une infection chronique par le VHC doivent être soumis à un dépistage sérologique de l’infection par le VHB et par le virus de l’hépatite A (VHA). Une série de vaccins contre le VHB devrait être administrée lorsque l’antigène de surface de l’hépatite B est négatif et que les titres des anticorps de surface anti-VHB ne sont pas protecteurs. En l’absence d’anticorps anti-VHA, le vaccin contre le VHA devrait être administré.
Une fois le diagnostic d’infection chronique par le VHC établi, il faut diriger l’enfant vers un hépatologue, un gastro-entérologue ou un infectiologue pédiatrique spécialisé dans la prise en charge du VHC. Les recommandations thérapeutiques évoluent. Même si les antiviraux à action directe ne sont pas encore approuvés chez les enfants de moins de 12 ans au Canada, des études chez les enfants ont démontré qu’ils sont bien tolérés, sécuritaires et efficaces [1][42]. Des taux de suppression virologique soutenus de 97 % à 100 % sont obtenus systématiquement chez les enfants dès l’âge de trois ans, après l’administration de diverses combinaisons d’antiviraux à action directe sur huit à 16 semaines [43]-[49]. À la lumière des résultats de ces études cliniques, tant l’AASLD que l’IDSA recommandent ce traitement en cas d’infection chronique par le VHC chez tous les enfants de trois ans ou plus et les adolescents [1].
• Tous les nourrissons, les enfants et les adolescents qui présentent au moins un facteur de risque d’infection par le virus de l’hépatite C (VHC) doivent être soumis au dépistage de cette infection.
• Chez les nourrissons nés d’une mère atteinte du VHC, la stratégie diagnostique doit être personnalisée.
• Chez les adolescents qui courent un risque continu d’infection, il faut effectuer des tests périodiques planifiés tous les six à 12 mois.
• Le dépistage du virus de l’immunodéficience humaine (VIH), du virus de l’hépatite B (VHB) et du virus de l’hépatite A (VHA) doit être effectué conjointement avec celui du VHC chez les enfants et les adolescents présentant des facteurs de risque d’infection par le VHC. S’ils ne sont pas immunisés, il faut les vacciner contre le VHB et le VHA.
• Une fois le diagnostic d’infection chronique par le VHC établi, il faut diriger l’enfant vers un hépatologue, un gastro-entérologue ou un infectiologue pédiatrique spécialisé dans la prise en charge du VHC.
• Il faut encourager et soutenir l’allaitement chez les mères atteintes du VHC, à moins d’une co-infection par le VIH ou le virus T-lymphotrope humain de type 1 ou 2. Lorsque leurs mamelons sont craquelés ou saignent, les femmes doivent interrompre l’allaitement jusqu’à ce qu’ils soient guéris.
• Les pédiatres et les médecins de famille ont un rôle important à jouer pour informer les adolescents des risques et des modes de prévention de l’infection par le VHC, ainsi que pour revendiquer, auprès du gouvernement et des autorités sanitaires, l’adoption d’interventions de réduction des méfaits ciblant les jeunes à risque, des traitements accessibles pour les enfants et les adolescents infectés par le VHC et le dépistage prénatal systématique de ce virus.
• Le dépistage prénatal systématique du VHC devrait être fortement envisagé au Canada, afin de s’assurer du traitement postnatal de toutes les femmes infectées par le VHC ainsi que du diagnostic et du traitement plus rapide de tous les enfants infectés par transmission verticale.
Le comité directeur de la section de la pédiatrie sociale, le comité d’étude du fœtus et du nouveau-né, le comité de nutrition et de gastroentérologie, le comité de la pédiatrie communautaire, le comité de pharmacologie et des substances dangereuses, le comité de la santé de l’adolescent et le comité de la santé des Premières Nations, des Inuits et des Métis de la Société canadienne de pédiatrie ont révisé le présent document de principes, de même que les membres du comité des maladies infectieuses de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC).
COMITÉ DES MALADIES INFECTIEUSES ET D’IMMUNISATION DE LA SOCIÉTÉ CANADIENNE DE PÉDIATRIE
Membres : Michelle Barton MD; Ari Bitnun MD; Sergio Fanella MD; Ruth Grimes MD (représentante du conseil); Laura Sauvé MD (présidente); Karina Top MD
Représentants : Ari Bitnun MD, Groupe canadien de recherche pédiatrique et périnatale sur le VIH/sida; Fahamia Koudra MD, Le Collège des médecins de famille du Canada; Marc Lebel MD, Programme canadien de surveillance active de l’immunisation (IMPACT); Yvonne Maldonado MD, comité des maladies infectieuses, American Academy of Pediatrics; Dorothy L. Moore MD, Comité consultatif national de l’immunisation; Howard Njoo MD, Agence de la santé publique du Canada; Isabelle Viel-Thériault MD, Comité consultatif de la médecine tropicale et de la médecine des voyages, Agence de la santé publique du Canada
Conseillère : Noni E MacDonald MD
Auteur principal : Ari Bitnun MD
Avertissement : Les recommandations du présent document de principes ne constituent pas une démarche ou un mode de traitement exclusif. Des variations tenant compte de la situation du patient peuvent se révéler pertinentes. Les adresses Internet sont à jour au moment de la publication.
Mise à jour : le 8 février 2024