Les élèves en transition ont besoin de tourner la page sur l’année scolaire : Les pédiatres exhortent les ministères de l’Éducation à autoriser des rencontres de remise de diplômes sécuritaires

OTTAWA – L’année scolaire tire à sa fin, mais selon les pédiatres du pays, de nombreux élèves qui quitteront un milieu familier pour se diriger vers de nouvelles écoles ou un nouveau cadre d’apprentissage sont oubliés, ne peuvent clore un chapitre de leur vie et reçoivent peu de soutien.

La situation est particulièrement aiguë dans les provinces qui ont fermé leurs bâtiments scolaires jusqu’à la fin de l’année, comme c’est le cas de l’Ontario. Les élèves en transition sont ceux de 5^e ou 6^e année du primaire qui passent à l’école intermédiaire, ceux de 8^e ou 9^e année qui s’en vont au secondaire et ceux de 12^e année qui se dirigent vers le collège, l’université ou le milieu du travail.

Puisque les modes d’apprentissage à distance sont très variables selon les régions, la plupart de ces élèves n’ont vu ni leurs camarades de classe ni leurs enseignants depuis le mois de mars. Ils n’ont pas reçu le soutien habituel pour les aider à choisir leurs cours ou leur programme pour l’automne et n’ont probablement pas pu visiter leur nouvelle école. De nombreuses cérémonies de remise de diplômes sont organisées en ligne, ce qui empêche les élèves de vraiment faire leurs adieux à leurs camarades de classe et à leurs enseignants ou d’être félicités pour leur réussite. Certains parents qui ont proposé des célébrations sécuritaires, respectueuses de la distanciation physique, se sont fait répondre que c’était impossible à cause des restrictions de la santé publique.

Les médecins qui s’occupent de familles et d’enfants s’inquiètent de la santé mentale actuelle des élèves et de la manière dont ils s’en sortiront à la rentrée scolaire.

« Les transitions sont souvent des moments de vulnérabilité, déclare la docteure Daphne Korczak, présidente du groupe de travail de la santé mentale de la SCP. Les jeunes ne pourront pas anticiper le mois de septembre s’ils ne sont pas prêts au changement, s’ils ont l’impression de n’avoir jamais vraiment quitté leur ancienne école à cause de l’arrêt brusque de leurs activités scolaires. »

Certaines provinces ont officiellement reconnu l’importance de ces transitions en assouplissant les restrictions. La Nouvelle-Écosse, par exemple, autorise des célébrations sous forme de « service au volant ». La Direction de la santé publique du Québec autorise les élèves de 6^e année et les finissantes et finissants du secondaire à retourner à l’école une dernière fois pour prendre des photos et faire signer leur album de finissants.

« Depuis le début de la pandémie, j’ai reçu plusieurs témoignages très touchants de finissantes et de finissants qui désiraient avoir la chance de souligner ce moment très spécial de leur vie, a affirmé le ministre de l’Éducation du Québec, Jean-François Roberge, dans un communiqué. La COVID-19 a certainement bouleversé nos habitudes et nos traditions, mais ce n’est pas une raison pour ne pas saluer les élèves finissantes et finissants comme ils le méritent. »

La SCP invite les autres ministères de l’Éducation provinciaux et territoriaux et les autres conseils et commissions scolaires à emboîter le pas et à :

• reconnaître et souligner l’importance de la remise des diplômes dans la vie des élèves;
• permettre aux écoles, au personnel scolaire et aux parents de collaborer à trouver des solutions créatives pour favoriser la tenue de ces rituels importants;
• s’assurer d’offrir la flexibilité nécessaire pour que les élèves en transition puissent participer à des remises de diplômes sécuritaires, respectueuses de la distanciation physique, mais tout de même marquantes.

« Les jeunes ont besoin de voir leurs enseignants, leur direction d’école, leurs camarades de classe, en sachant qu’ils seront tous ensemble pour une dernière fois, explique la docteure Korczak, psychiatre de l’enfant et de l’adolescent. Ils ont besoin d’être reconnus pour leurs années de travail et leur réussite. Ces rites de passage sont très importants pour préparer les jeunes aux transitions, à tourner la page sur le milieu familier qu’ils laissent derrière eux et à se préparer psychologiquement à un nouveau chapitre de leur vie. »

Il reste peu de temps avant que les écoles cessent officiellement leurs activités pour l’été, mais selon la docteure Korczak : « Il n’est pas trop tard pour prendre la décision qui s’impose. »

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Vidéo : La docteure Daphne Korczak explique, en anglais, comment aider les enfants à composer avec le chagrin et le deuil pendant la COVID-19.

À propos de la SCP

La Société canadienne de pédiatrie est une association nationale de défense d’intérêts qui prône les besoins de santé des enfants et des adolescents. Fondée en 1922, elle représente plus de 3 300 pédiatres, pédiatres surspécialisés et autres professionnels de la santé des enfants au Canada.